14 Oct réglementation des médicaments pour le rucher
Aujourd’hui, nous allons plonger dans un sujet qui peut sembler un peu technique, mais qui est essentiel afin de garantir la santé de nos colonies d’abeilles : le respect de la réglementation sur les médicaments pour le rucher.
Comprendre la notion de médicament
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il est essentiel de comprendre ce qu’est réellement un médicament dans le contexte apicole. Souvent, on réduit le médicament à une spécialité pharmaceutique. Cependant, la réalité est plus complexe. En effet, tout produit utilisé à des fins de traitement, même s’il ne laisse pas de résidus, est considéré comme un médicament. Il doit donc respecter les réglementations prévues à cet effet. Même un extrait végétal, s’il est associé à une allégation thérapeutique, est alors considéré comme un médicament.
Prescription et utilisation responsable des médicaments pour le rucher
Les règles de prescription, de délivrance, et d’utilisation des médicaments pour le rucher sont primordiales afin d’assurer la santé des abeilles. L’ordonnance joue aussi un rôle clé en sécurisant l’usage du médicament et en adaptant la prescription à chaque cas particulier, offrant des conseils inestimables. Il est également important de souligner qu’il est strictement interdit d’administrer des substances non autorisées aux animaux, dont les produits sont destinés à la consommation humaine.
Autorisation de mise sur le marché
Aucun médicament vétérinaire ne peut être mis sur le marché sans avoir préalablement obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par l’autorité compétente. Cette autorisation prend en compte la qualité pharmaceutique des substances, la sécurité pour les espèces cibles, les utilisateurs, les consommateurs, les espèces non cibles, ainsi que l’impact sur l’environnement. De plus, elle exige également que l’efficacité soit démontrée sur le terrain, en utilisant des groupes témoins de ruches non traitées.
Cas particulier : les médicaments contre Varroa destructor
En France, les médicaments de lutte contre Varroa destructor ont une AMM en apiculture. Ceux-ci sont exceptionnellement dispensés d’ordonnance pour leur délivrance, mais ne sont pas en vente libre. Leur distribution est assurée par les ayants droit de la pharmacie vétérinaire, comme par exemple des vétérinaires, des pharmaciens ou encore des groupements apicoles porteurs d’un programme sanitaire d’élevage.
Il est essentiel que les apiculteurs suivent les règles attentivement. Non seulement cela garantit la santé de nos abeilles, mais aussi la qualité des produits apicoles destinés à la consommation humaine. En respectant la réglementation sur les médicaments pour le rucher, nous contribuons à la préservation de ces merveilleux insectes et à la pérennité de l’apiculture. Alors, restons cool, mais professionnels, dans notre engagement pour la santé des abeilles !
Voici un tableau récapitulatif des produits utilisés en apiculture pour le traitement contre le varroa de l’abeille
NOM DEPOSE | Dispositif et Matière Active | Voie | Dose | Durée | Temps d’Attente Miel (jours) |
---|---|---|---|---|---|
APIVAR ND | Lanières imprégnées de 500 mg d‘amitraz | Externe | 2 lanières par colonie | 6 à 10 semaines | 0 |
APITRAZ ND | Lanières imprégnées de 500 mg d‘amitraz | Externe | 2 lanières par colonie | 6 semaines | 0 |
APISTAN ND | Lanière contenant 0,8 g de tau-fluvalinate | Externe | 2 lanières par colonie | 6 à 8 semaines | 0 |
BAYVAROL ND | Lanière contenant 275 mg de fluméthrine | Externe | 4 lanières par colonie | 4 à 6 semaines | 0 |
POLYVAR YELLOW | Lanière 15 trous contenant 3,6 mg de fluméthrine (trou de vol) | Externe | 2 dispositifs par ruche | 9 semaines (maxi 16 sem) | 0 |
APIGUARD ND | Barquette de gel contenant du thymol | Externe | 2 barquettes en tout par colonie | 1 barquette puis une autre à 15 jours d’intervalle | 0 |
THYMOVAR ND | Plaquette imprégnée de thymol | Externe | 2 plaquettes en tout par colonie | 1 plaquette tous les 21/28 jours | 0 |
APILIFE VAR ND | Éponge imprégnée de 15 g de thymol + menthol, camphre et eucalyptus | Externe | 4 plaquettes par colonie | 1 plaquette tous les 7 jours | 0 |
API BIOXAL ND | Poudre à 886 mg/g d’acide oxalique dihydraté | Égouttement ou sublimation | 3,5g/ colonie en égouttement, 2,3g/ colonie en sublimation | Traitement unique (2 par an en égouttement et 1 en sublimation) | 0 |
MAQS ND | Gel contenant 68,2g d’acide formique par bande de 148g | Externe | 2 bandes par colonie | 7 jours | 0 |
VARROMED ND | Liquide contenant 5mg d’acide formique et 44 mg d’acide oxalique dihydraté/ ml | Égouttement sur les abeilles | 15 ml/ 5000 abeilles | 5 à 9 fois selon saison et infestation | 0 |
OXYBEE ND | Acide oxalique Poudre et solution (différents dosages) | Poudre et solution pour dispersion | 5-6 ml de la dispersion par espace intercadre occupé par des abeilles. Ne doit pas dépasser 54 ml. | 1 fois | 0 |
FORMICPRO | Rubans imprégnés de 68,2g d’acide formique par bande | Externe | 2 rubans par ruche | 7 jours | 0 |
Ces informations vous aideront à choisir le traitement approprié pour vos ruches.
N’oubliez pas de toujours suivre les instructions spécifiques pour chaque produit ainsi que de prendre en compte les temps d’attente pour la récolte du miel.
Il est essentiel de comprendre les pratiques interdites en matière d’utilisation de médicaments dans l’apiculture.
Voici quelques exemples de ce qu’il ne faut pas faire :
1. Utilisation de médicaments destinés à d’autres espèces
Il est interdit de se faire prescrire et d’utiliser des spécialités destinées à d’autres espèces, alors qu’il existe un médicament avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) spécifique pour les abeilles et pour l’indication visée. Le respect de l’AMM est fondamental afin de garantir la sécurité des abeilles.
2. Utilisation de produits de traitement sans AMM
Il est également interdit de se faire prescrire et d’utiliser des produits de traitement, y compris ceux qui répondent à la définition de médicament en raison de leurs attentes thérapeutiques, sans avoir obtenu une AMM. Cela inclut les produits phytosanitaires et les matières premières comme par exemple le Thymol, l’Acide formique, et l’Acide oxalique.
3. Utilisation de médicaments sans LMR définie pour le miel
Il est important de ne pas utiliser des médicaments contenant une substance pour laquelle il n’y a pas de Limite Maximale de Résidus (LMR) définie pour le miel. Cela garantit ainsi la sécurité des produits apicoles destinés à la consommation humaine.
4. Importation de médicaments non autorisés en France
Il est également interdit d’importer un médicament autorisé dans un autre pays européen ou en dehors de l’Europe, mais qui n’est pas autorisé en France, sans demander l’autorisation à l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV). Même si le médicament contient la même substance active, il doit respecter les procédures d’autorisation en vigueur en France.
5. Utilisation de préparations
Il est déconseillé de se faire prescrire et d’utiliser des préparations lorsque des médicaments avec AMM spécifiques pour les abeilles et pour l’indication visée sont disponibles.
6. Respect des recommandations et posologie
L’utilisation de médicaments vétérinaires doit se faire en respectant les recommandations, la posologie, ainsi que les durées de traitement spécifiées. Cela inclut la façon dont les traitements sont appliqués, comme par exemple l’utilisation appropriée de lanières, leur retrait au bon moment, et d’autres indications spécifiques.
Conséquences du non-respect de la réglementation
Tout apiculteur est susceptible d’être contrôlé en matière de pharmacie d’élevage. En cas de non-respect des règles, des mesures administratives sévères peuvent être prises, notamment la séquestration et la destruction des animaux et des produits, ainsi que la mise sous surveillance de l’exploitation, aux frais de l’apiculteur. De plus, le non-respect de la réglementation constitue un délit passible de sanctions graves, notamment des amendes considérables et même des peines de prison.
Importance de la réglementation
Il est primordial de comprendre que les médicaments en apiculture ne sont pas des denrées de consommation courante. Leur utilisation doit être encadrée, et le respect de la réglementation est essentiel, en particulier lorsque des denrées alimentaires sont produites. La tenue d’un registre d’élevage assure la traçabilité des traitements et interventions, contribuant ainsi à la sécurité et à la pérennité de l’apiculture.
La réglementation sur les médicaments pour le rucher garantit la sécurité et l’efficacité des produits : la pharmacovigilance. Cette étape intervient après l’obtention de l’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) et les règles de prescription, constituant ainsi le troisième dispositif de sécurisation de l’usage du médicament.
Pharmacovigilance : une surveillance constante
L’AMM est initialement accordée pour une période de 5 ans, puis renouvelée sans limitation de durée après réévaluation du rapport bénéfice/risque. Cette réévaluation est cruciale, car elle permet de prendre en compte de nouvelles informations objectives qui peuvent émerger pendant les cinq années écoulées. Les experts évaluent constamment la sécurité et l’efficacité des produits à la lumière des données les plus récentes.
Déclaration d’effets indésirables et d’efficacité insuffisante
La pharmacovigilance vétérinaire repose sur la déclaration d’effets indésirables ou d’efficacité insuffisante des médicaments.
Cette déclaration est un processus essentiel. Elle peut être effectuée par toute personne, qu’il s’agisse d’un vétérinaire, d’un TSA (Technicien Sanitaire Apicole), ou d’un apiculteur.
Lorsqu’un effet indésirable ou une efficacité insuffisante est observé, il est important de tous consigner afin de créer un dossier bien documenté. Ces informations sont cruciales afin d’identifier d’éventuels problèmes liés au médicament. Les données recueillies peuvent parfois conduire à des actions importantes, comme par exemple la modification de l’AMM des médicaments ou même la suspension de cette autorisation.
Contribuer à l’amélioration de la réglementation
La déclaration de pharmacovigilance peut également contribuer à améliorer le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) des médicaments.
Cette amélioration permet une meilleure compréhension des utilisateurs ainsi qu’une utilisation plus sécurisée des produits.
En somme, la pharmacovigilance joue un rôle crucial dans le maintien de la sécurité et de l’efficacité des médicaments apicoles. C’est un outil puissant pour les apiculteurs, les vétérinaires, et tous ceux qui veillent à la santé des abeilles. En signalant les problèmes potentiels, nous contribuons à préserver nos précieuses colonies ainsi qu’à garantir la qualité des produits apicoles.
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