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L’HOMME ET L’ABEILLE

Insecte omniprésent dans toutes les sociétés humaines au cours des âges, l’abeille entretient avec la pensée humaine des rapports intimes. L’abondance des noms populaires employés pour les désigner, elle et ses produits, montre à quel point elle participe des relations quotidiennes de l’homme, de l’animal et du végétal; elle se situe à la charnière des trois mondes. 

Mais l’homme, s’il la respecte ou la vénère, l’a cependant toujours appréhendée en tant que pourvoyeuse de miel et de cire asservie à ses intérêts. Un anthropomorphisme exagéré caractérise trop souvent la relation homme-abeille. De fait, l’abeille est devenue essentiellement un symbole et une source intarissable de croyances populaires liés à l’observation de son comportement : diligence, ardeur au travail, sens de l’organisation, facultés de vol, possession d’une arme redoutable. Cette fonction symbolique s’est développée à travers une tradition orale ou écrite, et une iconographie d’une étonnante richesse. 

L’ABEILLE SYMBOLE 

Le symbolisme de l’abeille est fondé en majeure partie sur son labeur, sur l’organisation de la ruche et sur sa servitude envers la reine. Cependant cet insecte a pu n’être aussi qu’un simple ornement ne comportant aucune signification particulière, et la prudence doit rester de règle quant à l’interprétation de symboles qui n’en sont pas toujours. 

La présence, dans la colonie, d’un « roi » à la tête d’une communauté industrieuse et prospère justifie l’utilisation de l’abeille en tant que symbole royal. Vraisemblablement pour ces mêmes raisons, la basse Égypte pharaonique la prit pour emblème. La haute Égypte avait, quant à elle, choisi le jonc. À la fin du IVe siècle, Horapollon écrivait, en parlant des Égyptiens : « Quand ils veulent représenter le peuple qui obéit au roi, ils peignent une abeille ». Les soldats courageux se voyaient attribuer par le Pharaon une abeille d’or, symbole de leur vaillance et de leur obéissance au roi. 

L’abeille a-t-elle toujours été le symbole des rois de France? Cette interrogation fit l’objet de nombreuses controverses. Les historiens furent longtemps embarrassés par la découverte, en 1653, d’abeilles d’or grandeur nature dans le tombeau de Childéric ler, mort en 481, mis au jour près de Tournai. D’aucuns prétendirent qu’elles représentaient le symbole primitif des rois de France. On ne sait pourquoi Louis le Jeune remplaça ces abeilles par des fleurs de lis. 

Les intéressantes recherches de Baltrusaïtis révèlent que, deux ans après la découverte de Tournai, Chiflet publia de curieuses gravures montrant de façon indiscutable comment l’abeille stylisée de Childéric a pu devenir une fleur de lis. 

L’un des étendards de Louis XII, pendant sa guerre contre les Génois, était semé d’abeilles d’or, et, lorsqu’il entra dans la ville, ce fut vêtu d’un habit blanc couvert de plusieurs essaims au milieu desquels était son image avec les mots : « Rex non utitur aculeo » (« le roi n’a pas d’aiguillon »), pour faire connaître sa clémence aux habitants de la ville rebelle. Plus tard, Napoléon réhabilita cet insecte en le faisant figurer sur le manteau impérial lors de son sacre. 

Pour d’autres, les abeilles de Childéric représentent un symbole d’immortalité et de renaissance. Elles sont alors à rapprocher des abeilles funéraires trouvées dans les tombeaux de l’Égypte ancienne, qui évoquent la survie de l’âme, et plus tard des abeilles des chrétiens, symbolisant la résurrection. Car l’abeille fut aussi associée à la spiritualité et à la religion; c’est là un de ses emplois les plus importants dans la pensée. 

Le caractère bénéfique de l’insecte, sa sagesse et les vertus de ses produits ont été de multiples fois choisies pour illustrer les qualités humaines et spirituelles. Elles représentèrent aussi la pureté et la chasteté dans la religion chrétienne; on croyait alors qu’elles étaient vierges. On les retrouve dans les Écritures saintes, plus fréquemment dans le Coran que dans la Bible. 

Il ne semble pas qu’il y eut en Égypte de dieu-abeille, ce qui est étonnant. Néanmoins, elle était sacrée et un culte aurait existé. En Grèce antique, elle était vénérée comme semblent le confirmer les monnaies d’Éphèse, les abeilles fibules et quelques objets de culte. Les prêtresses nommées Melissa incarnaient sa fonction initiatique et liturgique. La Melissa est la femme-emblème des vertus domestiques, fidèle à son mari, droite, vertueuse, bonne mère, etc. 

ÉLOQUENCE 

Dans quelques civilisations elle prit le rôle d’une messagère divine, assurant la communication entre les hommes et les dieux, notamment dans les traditions hittites et finnoises. Le Popol Vuh, le livre sacré des Indiens Mayas, raconte que l’abeille est née de la Ruche universelle se trouvant dans le sol et symbolisant le paradis. Elle fut envoyée sur terre pour tirer l’homme de son néant, de son ignorance et de sa barbarie. 

En Orient et Proche-Orient, on avait coutume de placer une ruche sur la tombe des personnages importants afin que les abeilles établissent la liaison avec les dieux. Ceci est à rapprocher de la croyance selon laquelle les abeilles établissent souvent leur colonie à l’endroit où un personnage célèbre est enterré. La civilisation chinoise ancienne lui attribuait un râle sinon néfaste, du moins en relation avec la guerre, sans doute à cause de son aiguillon et de son organisation. 

Emblème de l’éloquence humaine et de la puissance que celle-ci peut exercer, l’abeille traduit la beauté du verbe. « Les Grecs comparaient les orateurs de génie et les chanteurs de grand talent aux abeilles qui produisent par la bouche et par le travail de leurs lèvres, si l’on peut parler ainsi, le miel délicieux et réconfortant » (CharbonneauLassay). 

Tout au long de l’histoire, on retrouve cette image de l’orateur associé aux abeilles. Une vieille légende raconte qu’elles déposèrent un jour un rayon de miel sur les lèvres de Platon encore enfant, laissant prévoir son don futur. La religion chrétienne fournit aussi des comparaisons identiques. Saint Ambroise, patron des apiculteurs, eut la même aventure. Le surnom de Chrysostome donné à Jean, évêque d’Alexandrie, veut dire « bouche d’or », Saint Bernard était nommé le docteur mellifique, etc.En hébreu, l’abeille s’appelle « dure », dérivée de la racine « dbr » qui signifie parole. 

L’AMOUR 

Pendant la Renaissance, « l’abeille profane » fit son apparition, en introduisant le symbole de l’Amour. Les gravures illustrant un Cupidon piqué par une abeille se multiplièrent. C’était alors une image assez populaire de la puissance de l’Amour. Cupidon se plaignant à Vénus des douleurs causées par les piqûres des abeilles, celle-ci lui répondit que ce n’était rien comparé aux douleurs causées par les flèches de l’Amour. 

L’iconographie emblématique de tous les temps reprend ces thèmes en de multiples occasions, de l’héraldique aux exlibris. On retrouve fréquemment des pièces de monnaie figurant une abeille, anciennes, comme celles d’Éphèse, ou plus récentes. Les armoiries et les blasons n’échappent pas à cette prolifération. On observe encore aujourd’hui de nombreux blasons familiaux portant cet emblème, généralement associé à une devise, comme celle-ci, accompagnant les armoiries épiscopales de l’évêque d’Angers, Mgr Freppel : « Volontiers son miel, à regret son dard ». Dans l’héraldique, l’abeille signifie souvent l’espérance et l’obéissance au souverain, la sagesse, l’ordre, le travail, qualités qui président à l’organisation parfaite de la vie sociale. 

La littérature tout entière et les beaux-arts regorgent depuis toujours d’innombrables évocations symboliques d’abeilles et de miel, les deux étant difficilement séparables. Mais les thèmes utilisés s’attachent beaucoup plus à mettre en valeur la douceur du miel, le caractère laborieux et exemplaire de l’abeille, et à faire ressortir le côté idyllique des scènes apicoles. 

LE MIEL 

Les emplois rituels du miel et le symbolisme qui leur est attaché à travers les âges et les peuples sont expliqués par sa saveur agréable, mais aussi par la particularité qu’il possède d’être un aliment directement assimilable. Cette qualité en fait une « nourriture de vie » et une nourriture divine. C’est le « melikatron » des Grecs. Nourriture initiatique, il est dispensé à ceux qui « franchissent un seuil de la vie humaine, jusques et y compris la mort ». Les nouveau-nés africains sont baptisés avec du miel frotté sur leurs lèvres. La même coutume existait chez les Grecs et les Germains. La plupart du temps, il représente la fécondité, la richesse et la prospérité sauf, dans la tradition babylonienne où il est un signe divinatoire chargé de malheur. Il est alors présent dans la série de prodiges qui annoncent les catastrophes : « Si le sol du pays suinte du miel, ce pays connaîtra le malheur. S’il y a du miel sur les murs d’une maison, cette maison se transformera en ruine. » 

Dans un certain nombre de tribus d’Afrique et d’Amérique du Sud, la récolte du miel est accompagnée d’interdits sexuels. Elle entre donc dans les rites au même titre que la chasse, la pêche, les travaux agricoles ou la préparation de certaines boissons fermentées. 

Il est intéressant de rapprocher cette coutume des conseils donnés par les traités d’apiculture romaine et française jusqu’au XIXe siècle, qui recommandaient à l’apiculteur de ne pas approcher ses ruches s’il avait eu avant des rapports sexuels. 

Le miel intervient à certaines occasions dans les cérémonies religieuses ou initiatiques : sous forme d’hydromel, ou boisson miellée fermentée (Afrique, Madagascar, Amérique latine), il est aussi le symbole de l’immortalité pour qui le boit. 

Dans la description du paradis promis aux fidèles, le Coran décrit des fleuves d’eau, de lait, de vin et de miel épuré. On peut aussi y lire, au sujet du miel des abeilles : « Il sort de leur ventre une boisson de diverses couleurs, salutaire pour les hommes. » Dans le Val d’Aoste, on disait à celui qui mange du miel : « Cochon, tu manges ce que les abeilles vomissent ». Ces croyances sont à rapprocher de la question que se sont longtemps posée les auteurs anciens et les mouchiers des campagnes : le miel est-il un vomissement ou un excrément de l’abeille ? 

Dans l’Égypte ancienne, le miel était employé pour la fabrication des onguents et des parfums préparés dans les temples. Il existait certainement un monopole du miel au profit des prêtres et des rois pour qui il constituait, avec la cire, une partie des revenus. 

Seul le miel blanc et pur était réservé à la consommation divine ou royale. Le miel de second choix servait à la consommation courante. 

Un certain « parfum de fête », à base de miel, était offert aux dieux et l’on faisait en même temps l’invocation suivante : « Ah ! Amon-Rê, Seigneur de Karnak, je te lance le miel, l’œil d’Horus doux, sécrétion de l’œil de Rê. » Il était donc associé au soleil. 

Le « fard de miel » servait à embellir la statue du dieu ou d’un défunt, en lui donnant de la couleur et du brillant. À l’occasion de certaines fêtes, notamment à celle de Thot, 19e jour du premier mois, on mangeait rituellement du miel et des figues en disant : « Douce est la vérité. » L’un des jours fériés s’appelait d’ailleurs « la fête de la vallée où l’on mange le miel ». 

« Le miel n’est pas moins agréable aux dieux qu’aux hommes, écrivait Varron, car on l’offre sur les autels et on le sert sur nos tables. » En Grèce, un miel pur, akapnistes, c’est-à-dire sans fumée était vraisemblablement obtenu par la technique du tapotement; il était répandu sur les autels et sur la tête des victimes à sacrifier. En Perse, les prêtres initiés se purifiaient les mains et la langue avec du miel. Sur les autels d’offrandes, il était destiné à presque tous les dieux. Les prêtresses de Cérès, la déesse romaine des moissons, étaient appelées abeilles : sa fille Proserpine se surnommait Mellita (miellée). Dédale avait dédié à Vénus, déesse de la volupté, une ruche en or imitant à la perfection une ruche véritable. Bacchus dieu de la vigne, s’était vu attribuer la découverte du miel. 

À Rome, il figurait aussi dans la maison, à l’emplacement du petit sanctuaire familial. Le Pater familias l’offrait aux ancêtres divinisés en le faisant couler sur la flamme du foyer de l’autel, avec le vin et le lait. 

On pensait également faire parvenir ces aliments aux parents défunts en les posant sur leur tombe, ou en les enterrant dessus. « Je verse sur la terre du tombeau le lait, le miel et le vin, car c’est avec cela qu’on réjouit les morts. » À l’occasion de ces libations, on offrait aussi des gâteaux au miel sacré appelé liba. 

Assez fréquemment, on évoque l’embaumement des morts dans le miel. Cette substance était considérée comme « incorruptible », et la valeur symbolique attachée à cet acte était plus importante que le phénomène physique de l’embaumement lui-même. Alexandre le Grand fut plongé dans le miel après sa mort. Il semble s’agir là d’une coutume préhistorique connue surtout dans le monde méditerranéen. Cette technique funéraire aurait été pratiquée dès l’époque crétoise et minoéenne. 

Il est difficile en fait de savoir si les morts étaient ensevelis dans le miel ou enduits de cire. Strabon dit que les Assyriens les enterraient dans le miel, après les avoir recouverts de cire. Hérodote écrit que les Babyloniens ensevelissaient leurs morts dans le miel. Le rôle symbolique du miel en France au cours des siècles reste assez réduit. En ce qui concerne la religion, la Bible cite le miel de temps à autre, mais ce mot n’est jamais chargé de sens, comme il a pu l’être dans les civilisations antérieures. 

Dans le nord de la France, on avait jadis coutume d’offrir aux jeunes mariés une petite provision de vin et de miel qu’ils devaient consommer en trente jours, soit pendant la durée de la « lune de miel ». 

Plus à l’est, dans les pays slaves, en sortant de l’église les nouveaux mariés se rendaient avec les invités au domicile des parents de la jeune épouse. La mère les attendait sur le pas de la porte. En leur souhaitant la bienvenue, elle versait une cuillerée de miel dans la main de chacun des époux. Le mari devait lécher la main de sa femme et inversement. 

PUNITION 

Entre les mains de bourreaux, le miel pouvait devenir l’instrument le plus barbare, comme en témoigne cet épisode tiré des métamorphoses d’Apulée : « La femme d’un esclave intendant s’étant suicidée par suite du chagrin que lui causaient les tromperies conjugales sans cesse renouvelées, le maître, instruit de la conduite de son intendant, ordonna de le lier à un figuier, enduit de miel des pieds à la tête. Le tronc vermoulu de cet arbre était exploité par toute une population de fourmis qui le minaient dessus et dessous et faisaient irruption de toute part. Les fourmis n’eurent pas plus tôt senti l’odeur du miel que les voilà qui s’acharnent par myriades sur le corps de ce malheureux et le déchiquètent à l’envie d’imperceptibles, mais innombrables, mais incessantes morsures. Il se sentit ainsi, dans une longue agonie, rongé petit à petit jusqu’au fond des entrailles. Ses chairs disparurent, ses os furent mis à nu, et finalement, de l’homme il ne resta plus que le squelette étalant sa hideuse blancheur au pied de l’arbre où il demeurait attaché. » 

Pendant l’Antiquité, le miel servait à punir certains crimes. Ainsi quelques disciples d’Épicure étaient venus chez les Lyctiens, peuples pleins de mépris pour leur façon de vivre. On édicta bientôt une loi qui les chassait de la cité. Ceux qui la transgressaient étaient condamnés, pendant vingt jours, à être exposés nus et enduits de miel au soleil. S’ils survivaient, on les revêtait d’habits de femme et on les précipitait du haut d’un rocher. Chez les juifs, ce châtiment cruel était réservé aux adultères. 

LA CIRE 

La sorcellerie fit de la cire un assez grand usage. On a retrouvé le témoignage, dans l’Égypte ancienne, d’un procès au cours duquel on condamna des sorciers qui avaient fabriqué des figurines de « cire pure » dans le but de nuire à Ramsès III, il y a 3 300 ans. L’adjectif pur est important, car il est possible qu’aux yeux des Égyptiens elle ait eu des vertus magiques dues à son origine liée au caractère asexué de ces insectes.

L’envoûtement, connu de tout temps, était nommé chez les Romains in votum. Très souvent, il était réalisé à l’aide de statuettes ou figurines de cire représentant grossièrement la personne à qui l’on désirait jeter un sort et dont on voulait se venger sans risque. 

En d’autres occasions ces statuettes étaient utilisées afin de s’attirer les grâces d’une personne ou de s’en faire une alliée. Ovide, malheureux en amour, se plaint d’être en butte aux pratiques d’une sorcière. « Quelque sorcière, écrit-il, a-t-elle écrit contre moi sur la cire de Phénicie de redoutables noms ou bien m’a-t-elle enfoncé dans le foie ses aiguilles acérées ? » 

SORCIÈRES 

L’apogée de ces techniques fut atteint au Moyen-Age. Les sorcières, car ces pratiques étaient plutôt l’apanage des femmes, confectionnaient des personnages en cire, portant parfois une mèche de cheveux de la victime, et les entouraient trois fois de fils de trois couleurs différentes portant chacun trois nœuds (le chiffre trois était fatidique). Ensuite, ces représentations symboliques étaient transpercées par des aiguilles tandis qu’étaient récitées simultanément des formules magiques et secrètes. La personne envoûtée était censée ressentir ces tortures aux endroits où elles étaient infligées sur : à statuette de cire. Si on la perçait de part en part, le malheureux qu’elle représentait tombait tué sur le coup, dans quelque lieu où il se trouvât. Dans certaines pratiques actuelles de sorcellerie, des envoûtements pour l’essentiel, les figurines et poupées de cire trouvent fréquemment leur emploi maléfique. 

En faisant fondre la cire et en la versant goutte à goutte dans un vase plein d’eau froide, on peut en tirer, selon les figures ainsi créées, des présages heureux ou malheureux. Cette pratique appelée céromancie a été très en vogue jusqu’au XVII° siècle en France comme en Turquie. 

Dans ce pays, elle permettait de retrouver les noms des voleurs et les endroits où ils se cachaient grâce aux mystérieuses formes obtenues. Dans plusieurs régions de France, lorsqu’une personne se noyait et qu’on ne savait où retrouver son corps, un cierge fait de cire d’abeille était allumé et fixé debout sur une planche, dans un panier ou sur un flotteur. Dérivant au fil de l’eau, il ne manquait pas de s’arrêter au-dessus du noyé. 

En Italie, on pouvait voir jadis d’innombrables figurines de cire dans les églises. À Florence, en particulier, le jour de l’Annonciation, les murs en étaient couverts. La France connut aussi ces pratiques durant la Renaissance. En Allemagne, lorsqu’on souhaitait la guérison d’une maladie, on plaçait dans les églises des reproductions en cire des parties malades en guise d’exvoto. 

EMBAUMER 

Certaines civilisations ont associé la cire aux pratiques funéraires, notamment pour embaumer les morts.

D’après Hérodote, lorsqu’un roi scythe mourait, son corps était plongé dans un bain de cire après avoir été sommairement embaumé; après quoi il était transporté sur un char à travers tout le pays, jusqu’en un lieu nommé Gerrhes où étaient situées les sépultures royales. Les Égyptiens imprégnaient de cire les bandelettes servant à envelopper les momies. Il est d’ailleurs curieux de noter que le terme momie n’est pas d’origine égyptienne, mais persane; en effet il vient du mot mum ou moum qui veut dire cire, les Perses recouvraient de cire les morts afin de préserver leurs cadavres de la corruption le plus longtemps possible, mais aussi pour ne pas souiller la terre, le feu ou l’eau; car ils ne devaient être ni brûlés, ni jetés à la rivière, ni enterrés tels quels. Le miel a certainement été associé à ces techniques funéraires, mais on ne peut apporter aujourd’hui de précisions suffisantes.  

Extrait de « L’Homme et l’Abeille », Philippe Marchenay, coll. »Espace des Hommes », éditions Berger Levrault, 1979. 
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