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la Loque américaine : une menace pour les abeilles

Qu’est-ce que la Loque américaine?

Paenibacillus larvae est une espèce de bactéries responsable d’une maladie contagieuse connue sous le nom de loque américaine. La Loque américaine est une maladie très grave et contagieuse qui affecte les abeilles mellifères. Cette bactérie a la particularité de produire des spores extrêmement résistantes. Si les apiculteurs ne traitent pas cette maladie, elle peut avoir des conséquences dévastatrices sur les colonies d’abeilles.

Signes cliniques de la maladie

La Loque américaine peut toucher le couvain jeune de toutes les castes d’abeilles. Toutefois, les signes cliniques de la maladie ne deviennent visibles qu’à l’examen du couvain operculé. Les immatures meurent aux stades prénymphes ou nymphes, se transformant en masses gluantes puis en écailles fortement adhérentes. Les abeilles ont du mal à éliminer ces cadavres, qui contiennent des millions de spores. Sans l’intervention de l’apiculteur, la maladie affaiblit d’abord la colonie. Puis, elle la rend vulnérable au pillage. Cela peut ensuite entraîner sa mort.

Présence mondiale de la Loque américaine

La Loque américaine est présente dans le monde entier. Cela fait de cette maladie une préoccupation majeure pour les apiculteurs du monde entier. Elle est classée en Danger Sanitaire de 1re Catégorie et fait l’objet d’une déclaration obligatoire. Suite à une suspicion, si le diagnostic est confirmé par une analyse de laboratoire, les services vétérinaires départementaux mettent en place des mesures sanitaire afin d’éviter sa propagation.

Transmission de la maladie

Les spores de la bactérie sont les éléments de résistance et de contamination de la maladie. Elles peuvent être introduites dans une colonie d’abeilles de diverses manières, notamment lors de dérives, de pillages ou de manipulations. Ces spores se trouvent dans tous les éléments de la ruche, tels que le miel, le pollen, le couvain, les abeilles, les cadavres et les cadres. De plus, elles adhèrent au matériel en contact avec la colonie atteinte. Les spores conservent leur pouvoir infectant pendant de très longues périodes, parfois plusieurs décennies.

Contamination par les nourrices

La transmission de la maladie se produit principalement via les nourrices qui contaminent les jeunes larves, généralement au cours de leurs deux premiers jours de vie, en leur fournissant des gelées nourricières contenant des spores. Lorsque les spores germent dans le tube digestif des larves, elles donnent naissance à des bactéries qui se multiplient, envahissent tout le corps de la larve, et entraînent sa mort aux stades de prénymphe ou de nymphe. Les cadavres se transforment en masses informes gluantes, adhérant aux parois de l’alvéole, et contenant des millions de spores suite à la sporulation des bactéries qui ont épuisé leur « milieu de culture ». Ces spores peuvent être disséminées dans la ruche et, éventuellement, dans d’autres colonies et ruchers par les abeilles et l’apiculteur.

Formation d’écailles contaminantes

En séchant, les cadavres évoluent en écailles toujours adhérentes et toujours contaminantes. La Loque américaine est un sérieux défi pour les apiculteurs qui doivent prendre des mesures rigoureuses pour prévenir et contrôler cette maladie afin de protéger leurs précieuses colonies d’abeilles.

Conditions favorisant l’apparition de la Loque américaine

Plusieurs conditions favorisent l’apparition de la Loque américaine, une maladie grave et contagieuse des abeilles. Voici les principaux facteurs :

1. Le pillage et la dérive

Les colonies faibles et malades, ainsi que les ruchers abandonnés, peuvent servir de sources de contamination pour d’autres colonies. Le pillage et la dérive entre les ruchers peuvent faciliter la propagation de la maladie.

2. La surpopulation

Une surpopulation dans la ruche peut favoriser l’apparition de la Loque américaine. Lorsque la ruche est surpeuplée, les abeilles peuvent être plus sujettes à la maladie.

3. Mauvaises pratiques apicoles

Certaines pratiques apicoles inadéquates peuvent contribuer à la propagation de la Loque américaine. Cela peut inclure l’absence de visites sanitaires régulières, le manque de désinfection du matériel apicole, ou encore le non-renouvellement des cadres.

4. Sensibilité des souches

Certaines souches d’abeilles sont plus sensibles à la Loque américaine. En effet, en raison d’un comportement hygiénique moins marqué, d’une immunité affaiblie, ou d’une qualité moindre des sécrétions hypopharyngiennes.

Comment reconnaître la Loque américaine ?

La Loque américaine peut être difficile à repérer en début d’évolution. Voici les signes qui peuvent vous aider à la reconnaître :

À l’échelle de la colonie

  • Un affaiblissement de la colonie, avec une activité réduite à l’entrée de la ruche.
  • Un couvain en mosaïque, caractérisé par la juxtaposition désordonnée de cellules d’âges différents, et la présence de cellules operculées contenant des immatures morts. On peut également trouver des alvéoles vides, des œufs ou des larves, suite à l’élimination par les abeilles nettoyeuses des individus morts et à leur remplacement par une nouvelle ponte de la reine.
  • Une odeur ammoniacale ou de colle de menuisier très forte, dès l’ouverture de la ruche dans les cas avancés.

À l’échelle de l’alvéole

  • Des anomalies au niveau des opercules, qui apparaissent d’abord affaissés, plus foncés, puis troués, rongés par les abeilles.
  • Les prénymphes et les nymphes deviennent brunes, informes, visqueuses, filantes, adhérentes aux parois.
  • Des écailles adhérentes, plus ou moins desséchées, en fonction de la durée d’évolution de la maladie.

Il est essentiel de pouvoir identifier ces signes précoces afin de prendre des mesures de contrôle et protéger les colonies d’abeilles contre la Loque américaine.

Possibilité de confusion avec d’autres maladies

La Loque américaine peut parfois être confondue avec d’autres maladies affectant le couvain fermé des abeilles. Voici quelques maladies avec lesquelles elle pourrait être confondue :

  • Couvain sacciforme :
    Dans le cas du couvain sacciforme, la confusion est possible, car les immatures morts peuvent être légèrement adhérents et parfois filants. Cependant, il n’y a généralement pas d’odeur particulière associée à cette maladie.
  • Mycose (ascosphérose) :
    La mycose peut également être confondue avec la Loque américaine. Toutefois, les immatures morts ne sont pas adhérents ni filants, et il n’y a pas d’odeur caractéristique dans ce cas.
  • Varroose :
    Bien que la varroose soit une maladie différente, elle peut parfois présenter des symptômes similaires, tels que des cadavres d’abeilles immatures. Cependant, la varroose est causée par les acariens Varroa, et les symptômes diffèrent en fonction de la maladie.
  • Loque européenne :
    Il est également possible de confondre la Loque américaine avec la Loque européenne. Dans cette dernière maladie, les immatures atteints meurent avant ou après l’operculation, mais ils ne sont ni filants ni adhérents, ou seulement légèrement. L’odeur caractéristique de la Loque américaine est également absente.

Confirmation d’une suspicion de Loque américaine

Afin de confirmer une suspicion de Loque américaine, plusieurs étapes doivent être suivies :

  • Test de viscosité « de l’allumette » :
    Sur le terrain, on peut effectuer un test de viscosité en utilisant une allumette ou une brindille sèche. On la plonge dans la cellule suspecte, on remue légèrement, puis on retire doucement. Si une masse gluante et élastique s’étire au bout de l’allumette sur plus de 2 cm, c’est caractéristique de la Loque américaine. Cependant, ce test n’est pas toujours réalisable, notamment lorsque les cadavres sont desséchés.
  • Déclaration obligatoire :
    La DD(CS)PP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations) exige que toute suspicion de Loque américaine soit déclarée. Il faut effectuer un prélèvement de couvain symptomatique et l’envoyer à un laboratoire vétérinaire agréé afin de rechercher les bactéries et les spores de la Loque américaine.
  • Contacter un acteur sanitaire et la DD(CS)PP :
    Il est essentiel de contacter un acteur sanitaire et la DD(CS)PP de votre secteur pour être accompagné dans ces démarches et pour les interventions au rucher qui auront lieu si le diagnostic est confirmé par le laboratoire. La Loque américaine étant une maladie réglementée, des mesures de contrôle strictes doivent être mises en place afin d’éviter sa propagation.

Comment traiter la Loque américaine

Le traitement de la Loque américaine est une tâche délicate.
Mais il est possible de sauver la colonie dans certaines conditions en la ramenant à l’état d’essaim nu.

Voici comment procéder :

  1. Éliminer les spores : Pour réduire la pression infectieuse, il est impératif de détruire toutes les matières qui contiennent des spores. Cela signifie qu’il faut retirer tous les cadres de la colonie, y compris le couvain et les réserves, sans exception.
  2. Pas de traitement antibiotique : Aucun traitement antibiotique n’est efficace sur les spores de la Loque américaine, et aucun n’a de LMR (Limite Maximale de Résidus) fixée pour le miel. De plus, dans certains départements, l’usage d’antibiotiques a été interdit par arrêté préfectoral.
  3. Traitement des colonies atteintes : Si l’on confirme un diagnostic de Loque américaine, il faut prendre certaines mesures :
  • Il faut détruire toutes les colonies faibles et malades, ainsi que celles fortement atteintes, après avoir asphyxié les abeilles.
  • Si la saison le permet, vous pouvez transvaser les colonies peu atteintes et fortes sur des cadres de cire gaufrée.
  • Vous devez brûler ou incinérer les abeilles tuées, les cadres de couvain et de réserves, ainsi que le matériel en mauvais état.
  1. Désinfection du matériel contaminé :
    Le matériel contaminé en bon état doit être soigneusement nettoyé et désinfecté à l’aide d’une méthode reconnue comme efficace sur les spores, comme la flamme, la Javel, la soude, ou la cire microcristalline.
  2. Respect des mesures de confinement :
    Il est essentiel de respecter les mesures de confinement prévues par la loi et d’assister l’acteur sanitaire qui effectuera les visites réglementaires de l’ensemble des colonies du rucher.
  3. Surveillance et soins particuliers :
    Les colonies transvasées, ainsi que celles qui n’étaient pas cliniquement atteintes, doivent faire l’objet de soins et d’une surveillance particulière pour conserver des colonies fortes et repérer précocement tout signe de réapparition de la maladie.

Prophylaxie

Pour prévenir l’apparition de la Loque américaine, voici quelques mesures de prophylaxie à mettre en place :

  • Lors des visites de rucher, notamment au printemps, ou en préparation de la mise en hivernage ou avant toute récolte de miel, les apiculteurs doivent minutieusement examiner tous les cadres de couvain sans exception pour repérer les débuts d’infection causée par l’agent de la Loque américaine.
  • La détection précoce de la maladie permet de diminuer le risque de propagation aux autres ruches et ruchers voisins, résultant des interventions de l’apiculteur, des déplacements de ruches, ou du pillage.
  • Les colonies encore fortes et dynamiques peuvent être récupérées pour être mises à l’état d’essaim nu (sans aucun cadre de réserve ou de couvain). Il est essentiel de suivre les bonnes pratiques apicoles et de maintenir des colonies fortes avec un bon comportement hygiénique pour réduire les risques d’apparition de la maladie.

En conclusion, la Loque américaine représente une menace sérieuse pour les colonies d’abeilles.

Si l’apiculteur n’intervient pas, cette maladie peut entraîner la mort de la colonie. Les signes caractéristiques incluent un couvain en mosaïque, des opercules percés et affaissés, ainsi que des nymphes brunes, gluantes, filantes et adhérentes aux parois de l’alvéole.

Il est essentiel de noter que la Loque américaine est une maladie hautement contagieuse. C’est pourquoi il est nécessaire de déclarer cette maladie à la DD(CS)PP suite à la confirmation d’une analyse en laboratoire. Le simple test de viscosité ou de l’allumette sur le terrain ne suffit pas afin de poser un diagnostic.

Le seul traitement efficace et autorisé est de transférer la colonie sur de la cire gaufrée, à condition que l’état de la colonie le permette et que la saison soit appropriée. Dans les autres cas, la destruction de la colonie est incontournable afin d’éviter la propagation de la maladie. La désinfection méticuleuse du matériel contaminé est une étape cruciale pour prévenir de futures infections. En cas de suspicion de Loque américaine, nous vous recommandons vivement de contacter un acteur sanitaire et votre OSAD (Organisme Sanitaire Apicole Départemental) pour une gestion adéquate de la situation.

La Loque américaine est un défi sérieux pour les apiculteurs, et sa prévention ainsi que sa gestion efficace sont essentielles pour protéger les colonies d’abeilles et maintenir la santé des ruches.

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