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Apiculture : l’impact des changements climatiques

L’apiculture est une pratique cruciale à la fois pour la préservation de la biodiversité et la sécurité alimentaire. Les abeilles, en tant que pollinisateurs, jouent un rôle essentiel dans la reproduction des plantes, y compris de nombreuses cultures alimentaires. Cependant, l’apiculture est confrontée à de nombreux défis, notamment les dérèglements climatiques, qui menacent non seulement la vie des abeilles mais aussi celle de l’humanité.

Les dérèglements climatiques : un changement imprévisible

Les dérèglements climatiques bouleversent l’apiculture de manière imprévisible. Ces changements, dus à l’activité humaine, se traduisent par des températures anormalement élevées, des canicules prolongées, des pluies torrentielles et des sécheresses dévastatrices.

Pour les abeilles, ces variations climatiques sont problématiques. Un printemps trop précoce peut entraîner une ponte anticipée des reines, causant des problèmes pour les colonies. Les canicules estivales épuisent les réserves de nectar, tandis que les disettes, dues au manque de ressources florales, deviennent plus fréquentes.

  • Les abeilles réagissent aux conditions stressantes parfois de manière agressive, augmentant les risques pour les apiculteurs et les passants. Ces comportements imprévisibles ajoutent un nouveau défi.
  • De plus, la production de miel est affectée. Les disparités régionales se creusent, avec des baisses de productivité dans certaines zones et des augmentations dans d’autres.

En résumé, les dérèglements climatiques génèrent de l’incertitude en apiculture. Les apiculteurs doivent désormais faire face à des conditions climatiques changeantes et extrêmes.

Les effets perceptibles sur les pratiques apicoles

Printemps précoce et infestations de varroas

En France, les apiculteurs ont connu des événements sans précédent. Les récoltes ont été médiocres en 2021 en raison de gels tardifs et de pluies incessantes perturbant les vols de fécondation. Certains endroits ont même été déclarés en situation de « calamité agricole. » En Allemagne, des précipitations massives ont noyé des centaines de ruches et causé des perturbations graves.

Canicules, disettes, et comportements défensifs

Les canicules et les disettes ont provoqué dans certaines colonies des comportements « défensifs », soudains et sans lendemain. Les abeilles, stressées par des températures élevées et la pénurie de ressources, ont adopté des comportements inhabituels, mettant en danger la stabilité des ruches. Malgré les avertissements, les pertes de colonies durant l’hiver 2021-2022 ont atteint près de 50%.

Événements sans précédent Outre-Atlantique

Nos collègues apiculteurs en France ont également été confrontés à des événements sans précédent en 2021. Alexis Baillis, conseiller apicole du Grand-Est, a résumé la situation en soulignant que les repères des générations d’apiculteurs du passé sont devenus obsolètes. Les récoltes ont été dérisoires, principalement en raison de gels tardifs et de pluies incessantes perturbant les vols de fécondation.

Les défis posés par les dérèglements climatiques

Les dérèglements climatiques se caractérisent par une augmentation de la fréquence des températures extrêmes, tant élevées que basses, ainsi que par l’impredictibilité des inondations et des sécheresses. Selon les données de la NASA, les températures moyennes augmentent, mais ce qui est encore plus préoccupant, c’est l’augmentation des événements hydrologiques violents, comme les précipitations diluviennes et les inondations.

Statistiques Alarmantes

Entre 1980 et 2016, à l’échelle mondiale, les événements hydrologiques violents ont augmenté de plus de 400%, selon l’EASAC, le regroupement des académies nationales des sciences des pays membres de l’Union européenne. En parallèle, les événements climatologiques (températures élevées, sécheresses, feux de forêt) et les événements météorologiques (gels tardifs, tempêtes) ont également augmenté.

Impact des changements climatiques sur la production de miel

La collecte de données sur l’évolution de la production de miel s’avère difficile en raison de sa rareté et de sa non-homogénéité. Cependant, certaines tendances se dégagent.

Productivité en baisse au Sud, en hausse au Nord

Les apiculteurs en Europe sont confrontés à des variations régionales marquées. Au nord du continent, la production globale a augmenté de 100% en dix ans. Dans le centre, on constate une augmentation de 20 à 30%. En revanche, au sud, la production est relativement stable, mais cela s’explique en partie par l’augmentation constante du nombre de ruches. Par exemple, en Italie, la production moyenne par ruche est passée de 20 à 10 kg entre 2008 et 2018.

L’adaptation de l’apiculture aux conditions climatiques changeantes

Pour faire face à ces conditions climatiques changeantes, les apiculteurs doivent envisager de sélectionner des lignées d’abeilles résilientes, capables de rester productives dans des environnements variables. Cependant, la productivité dépend également d’autres facteurs, notamment de la flore locale, ce qui rend les prévisions incertaines.

Les dérèglements climatiques ont des conséquences significatives sur l’apiculture, avec des variations régionales dans la productivité des abeilles et des défis croissants pour les apiculteurs. L’adaptation à des précipitations et à des températures extrêmes et imprévisibles reste un défi majeur pour l’avenir de l’apiculture.

Comment l’apiculture pourrait-elle s’adapter aux changements climatiques ?

Les changements climatiques représentent un défi majeur pour l’apiculture, mais il existe des moyens pour les apiculteurs de s’adapter à des précipitations et à des températures extrêmes et imprévisibles. Voici quelques stratégies et considérations qui peuvent être prises en compte dans les pratiques apicoles :

1. Choix des emplacements de ruchers :

  • Les précipitations abondantes et les risques d’inondation suggèrent de choisir des terrains élevés, non inondables, pour l’installation des ruchers.
  • Surélever les ruches peut également être une mesure pour éviter qu’elles ne soient trop proches de l’humidité du sol.

2. Gestion de l’eau :

  • En cas d’augmentation des sécheresses, il est avantageux de placer les ruchers à proximité de points d’eau.
  • L’idée d’adopter des « abreuvoirs » utilisés par les apiculteurs européens, des réservoirs d’eau avec des flotteurs en bois ou des feuilles, pourrait être une solution pour fournir de l’eau aux abeilles.

3. Protection contre les conditions climatiques extrêmes :

  • Les emplacements exposés aux forts vents dominants doivent être évités, car ils peuvent perturber la stabilité des ruches.
  • Les zones à risque d’incendies, telles que les boisés de résineux et les friches avec accumulation de matière sèche, sont à proscrire en saison sèche pour éviter les catastrophes.

4. Gestion de la disette :

  • L’augmentation de la durée de la saison apicole est accompagnée d’une disette de plus en plus prononcée en mi-saison. Cette disette doit être prise en compte dans la gestion de la production et de la fécondation des reines.
  • Dans des cas extrêmes, il pourrait être nécessaire de nourrir les colonies en été pour compenser le manque de ressources.

5. Lutte contre le varroa :

  • Les pertes de l’hiver 2021-2022 ont souligné l’importance de revoir les protocoles de contrôle du varroa. Des traitements estivaux, similaires à ceux pratiqués par les apiculteurs européens et américains, pourraient devenir nécessaires pour maintenir la santé des abeilles.

6. Taille des colonies :

  • L’expérience montre que les colonies de taille moyenne ont une meilleure survie que les colonies très fortes en mauvaises années. Cette hypothèse doit être validée dans les conditions de production spécifiques de chaque apiculteur.

En conclusion, l’apiculture est confrontée à des défis sans précédent en raison des dérèglements climatiques.

Ils entraînent des précipitations et des températures extrêmes et imprévisibles.

Pour tenter d’y faire face les apiculteurs doivent mettre en place des stratégies d’adaptation. Cela passe par choisir soigneusement les emplacements de leurs ruchers. Mais également prendre en compte les risques de vents forts et d’incendies. La gestion de la disette en mi-saison devient cruciale, avec la possibilité de nourrir les colonies en cas de besoin.

Enfin, la taille des colonies peut jouer un rôle clé dans la survie en période difficile, avec des colonies de taille moyenne montrant une meilleure résistance. Cette hypothèse doit être étudiée plus en détail dans les conditions spécifiques de chaque apiculteur.

L’apiculture a une capacité d’adaptation, et les apiculteurs peuvent continuer à prospérer malgré les défis climatiques en ajustant leurs pratiques. Cependant, une collaboration entre les apiculteurs, les chercheurs et les responsables environnementaux est essentielle. C’est uniquement en rassemblant les acteurs qu’il sera possible de développer des stratégies efficaces pour faire face aux changements climatiques. En travaillant ensemble, nous pouvons préserver ces pollinisateurs essentiels et maintenir la production de miel, tout en contribuant à la préservation de la biodiversité et de la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale.

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