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l’Agrochimie : de nouveaux Pesticides Génétiques toxiques les Abeilles

Dans un futur agricole en pleine mutation, les pesticides chimiques traditionnels sont en passe d’être remplacés par une génération de tueurs d’insectes nouvelle génération, issus des biotechnologies génétiques. Derrière cette révolution se cachent les géants de l’agrochimie, s’appuyant sur des avancées spectaculaires dans la compréhension des mécanismes génétiques. Découvrons ensemble comment ces super-pesticides, connus sous le nom d’ARNi, sont en train de changer la donne, tout en nous demandant s’ils sont nos alliés ou nos ennemis, en ce qui concerne les abeilles.

1. L’ARNi, la magie des pesticides génétiques

L’ARNi c’est quoi ?

C’est un mécanisme biologique essentiel. Il joue un rôle crucial dans la régulation de l’expression des gènes. Il s’agit d’un processus qui permet à une cellule de réguler la production de protéines en ciblant spécifiquement les molécules d’ARN messager (ARNm) associées à certains gènes.

Voici comment fonctionne l’ARNi de manière simplifiée :

  1. Production d’ARNm:
    L’ARNm est une molécule produite à partir de l’ADN d’un gène.
    Il sert de modèle pour la synthèse des protéines.
    Chaque gène a son propre ARNm correspondant.
  2. Activation de l’ARNi:
    Lorsque la cellule détecte la nécessité de réguler la production d’une protéine spécifique, elle active l’ARNi.
  3. Complémentarité de l’ARNi:
    L’ARNi est composé de brins courts d’ARN (ARNi) qui sont complémentaires à l’ARNm du gène cible.
    En d’autres termes, l’ARNi s’accouple avec l’ARNm.
  4. Dégradation de l’ARNm:
    Une fois que l’ARNi s’est attaché à l’ARNm du gène cible, il provoque alors la dégradation de l’ARNm.
    Cela signifie que la protéine correspondante ne sera pas produite ou sera produite en quantités moindres.

L’ARNi est essentiel dans de nombreux processus biologiques.
Il joue un rôle clé dans :

  • le développement,
  • la régulation de l’immunité,
  • et la défense contre les agents pathogènes, tels que les virus.

Il a également des applications en recherche biomédicale et en biotechnologie.

Les pesticides génétiques utilisent le mécanisme de l’ARNi pour perturber l’expression de gènes chez les insectes nuisibles, ce qui peut entraîner leur mort.

Cette technologie révolutionnaire est l’arme secrète qui agit en silence pour éliminer les insectes nuisibles. Et elle le fait avec une efficacité redoutable. Au lieu de la destruction brutale associée aux pesticides traditionnels, les pesticides ARNi adoptent une approche plus subtile. En effet, elle perturbe l’expression des gènes vitaux pour la survie des insectes. C’est comme si un interrupteur silencieux était enclenché, plongeant les insectes dans l’obscurité de leur propre extinction.

Ces molécules d’ARNi, façonnées en laboratoire, se propagent à travers les plantes, les micro-organismes génétiquement modifiés tels que les virus ou les bactéries, ou simplement en étant pulvérisées sur les cultures. Leur mission ? Bloquer implacablement la production de protéines essentielles à la survie des insectes ciblés. Imaginez, un gène vital est désactivé, et l’insecte est condamné sans qu’il puisse émettre le moindre cri de détresse.

Cependant, cette technologie étonnante soulève une question cruciale : est-ce une solution miracle ou le début de nouveaux problèmes pour nos amis ailés à six pattes ? Alors que les géants de l’agrochimie prétendent pouvoir cibler avec précision les insectes à éliminer, des recherches scientifiques indépendantes ont déjà lancé un avertissement retentissant. Il semble que ces pesticides génétiques pourraient déclencher une cascade de risques incontrôlables pour tous les insectes pollinisateurs si leur utilisation s’étend aux zones agricoles.

2. L’effet « hors cible » – quand la génétique se trompe

Les pesticides génétiques, malgré leur apparence de précision chirurgicale, peuvent parfois se tromper de cible.

C’est un peu comme lancer un sort pour éliminer un ennemi, mais accidentellement toucher un allié proche. Une étude publiée en 2021 dans la revue « RNA Biology » [lien vers l’étude] nous révèle que le silençage d’un gène vital chez une espèce peut avoir un impact sur une autre espèce qui n’était pas initialement ciblée. Cette situation délicate survient lorsque deux espèces d’insectes partagent des gènes similaires à plus de 80 %. Et cela, mes amis, est plus courant qu’on ne pourrait le penser, en raison de l’évolution commune de nombreuses espèces d’insectes.

Le terrain de la complexité génétique

Pour comprendre comment l’effet « hors cible » prend vie, plongeons dans les méandres de la complexité génétique. Les séquences ciblées par le silençage génétique peuvent exister sous une forme presque identique dans différentes parties du génome, voire dans le génome d’autres insectes. Imaginez un sortilège qui touche accidentellement un objet similaire à la cible réelle. C’est là que réside le piège : en éliminant un gène chez une espèce, on risque involontairement d’affecter d’autres espèces qui partagent des gènes similaires. La magie de la génétique peut parfois être capricieuse.

Les conséquences inattendues des pesticides génétiques

Les premières évaluations effectuées par POLLINIS à l’aide de la bioinformatique ont déjà révélé des effets inattendus pour de nombreuses espèces de pollinisateurs exposées à ces pesticides génétiques en plein air.

3. Les papillons, les abeilles & les risques potentiels

Les pesticides génétiques font planer sur deux acteurs majeurs de nos écosystèmes : les papillons et les abeilles.

Les papillons dans la toile génétique

Imaginez un pesticide ARNi diffusé à travers des plants de coton génétiquement modifiés, ciblant un gène appelé HaHR3 qui contrôle la mue chez la chenille de la noctuelle de la tomate, un nuisible qui menace diverses cultures. Ce pesticide, en perturbant ce processus biologique clé, pourrait également bloquer la métamorphose de plusieurs papillons. Parmi eux, des espèces communes en Europe telles que le Vulcain, le Collier de corail, la Piéride de la moutarde, et le majestueux Machaon, largement répandu dans l’hémisphère nord.

Outre-Atlantique, le Monarque migrateur, icône emblématique des Amériques, parcourt chaque année plus de 4000 kilomètres entre le Mexique et le Canada. Toutefois, les pesticides génétiques représentent également une menace pour ce papillon. Il est probable que de nombreuses autres espèces soient en danger en raison des effets inattendus du silençage génétique, et cela pourrait être encore plus étendu que ce que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a pu répertorier, en raison du manque de données disponibles..

Les abeilles mellifères en péril

Les abeilles mellifères, ces ouvrières infatigables de la pollinisation mondiale, sont elles aussi sur la sellette. Un pesticide ARNi cible le gène de l’actine, une protéine cruciale pour de nombreuses fonctions cellulaires, dont la mobilité des cellules et la division cellulaire, ainsi que la contraction musculaire. Développé pour combattre le doryphore de la pomme de terre, ce pesticide pourrait inadvertamment éteindre le gène de l’actine chez 44 espèces d’hyménoptères, parmi lesquelles figure l’abeille mellifère européenne. Cette abeille possède un gène de l’actine similaire à plus de 86 % de celui du doryphore.

Plus inquiétant encore, le silençage génétique chez les abeilles pourrait se propager au sein d’une colonie et se transmettre de génération en génération, révèle une étude publiée en 2019 dans la revue scientifique « Cell Report ». La gelée, nourriture de toutes les larves d’une colonie dans les premiers jours de leur vie, pourrait conserver l’ARN biologiquement actif, qui serait ensuite transmis par ingestion. Cette transmission intergénérationnelle pourrait ainsi contaminer durablement les colonies d’abeilles mellifères.

4. Appel à l’action – évaluation et réglementation

Les pesticides génétiques : un paysage réglementaire flou

L’une des principales préoccupations réside dans le paysage réglementaire incertain entourant les pesticides génétiques. Aux États-Unis, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) a déjà donné son feu vert à l’utilisation de certains de ces produits, tandis que d’autres sont en cours d’examen.

En Europe, la situation est encore plus complexe. Selon les informations recueillies par POLLINIS, les pesticides ARNi semblent échapper aux réglementations existantes. En effet, ces pesticide n’entrent pas dans la règlementation concernant les organismes génétiquement modifiés (OGM) ni les pesticides chimiques. Cette lacune dans la réglementation souligne la nécessité urgente de clarifier les critères d’évaluation du risque et les protocoles de sécurité applicables à ces produits.

L’appel à l’action

Face à cette incertitude réglementaire, il est impératif que la société civile, les chercheurs et les décideurs prennent des mesures pour garantir la protection de nos écosystèmes. Voici quelques actions essentielles à entreprendre :

  1. Évaluation approfondie :
    Il est nécessaire de mener des évaluations approfondies de l’impact des pesticides génétiques sur les espèces non ciblées, en particulier les insectes pollinisateurs. Ces évaluations doivent être indépendantes et basées sur des données scientifiques solides.
  2. Réglementation claire :
    Les gouvernements doivent élaborer des réglementations claires afin d’encadrer l’utilisation des pesticides génétiques.
  3. Transparence et responsabilité :
    Les entreprises qui développent et commercialisent ces produits doivent faire preuve de transparence en ce qui concerne les effets potentiels sur l’environnement.
    Elles doivent également être tenues responsables en cas de préjudice environnemental.
  4. Soutien à la recherche indépendante :
    Il est crucial de soutenir la recherche indépendante visant à comprendre les similitudes génétiques entre les espèces et les effets hors cibles des pesticides génétiques.

Conclusion : la révolution des pesticides génétiques est en marche…

Toutefois, elle comporte des risques potentiels pour nos écosystèmes, en particulier pour les insectes pollinisateurs. Il est donc de notre devoir de garantir que cette révolution se déroule de manière responsable. En évaluant soigneusement ces produits et en les réglementant de manière adéquate, nous pouvons contribuer à préserver la biodiversité.

Alors que l’agriculture évolue vers de nouvelles frontières, les pesticides génétiques représentent une innovation fascinante mais potentiellement dangereuse. Trouver le juste équilibre entre innovation et prudence est essentiel pour préserver nos écosystèmes et protéger nos pollinisateurs. Face à cette révolution silencieuse, il est de notre devoir de veiller à ce que l’avenir de l’agriculture soit respectueux de la nature.

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