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L’histoire du glyphosate

L’autorisation de mise sur le marché (AMM) du glyphosate en Europe, l’herbicide le plus répandu au monde, était sur le point d’expirer à la fin de juin 2016. Cela a conduit à une reconsidération approfondie de la menace que représente cet herbicide pour l’environnement et la santé humaine. Voici un retour sur les principales étapes qui ont conduit à la reconnaissance de cet herbicide comme cancérogène probable.

1950 : la découverte du glyphosate

Le chimiste suisse Henri Martin a découvert la molécule active du glyphosate en 1950. Plus tard, John Franz, travaillant pour Monsanto, a réalisé son potentiel en tant qu’herbicide non sélectif. Les utilisateurs l’ont toujours combiné avec d’autres produits chimiques pour améliorer sa pénétration dans les cellules des plantes.

1974 : lancement commercial du Roundup

Monsanto brevète le glyphosate. Puis il le commercialise sous la marque Roundup. Il est utilisé en Malaisie pour la culture de l’hévéa, puis au Royaume-Uni en 1974 pour la culture du blé. Les États-Unis l’ont rapidement autorisé pour désherber les zones non agricoles, ce qui en a fait l’herbicide le plus utilisé au monde et le plus répandu dans l’environnement.

1996 : commercialisation des plantes OGM résistantes au glyphosate

Monsanto a développé des plantes transgéniques appelées « Roundup ready », conçues pour résister aux traitements au Roundup. Cela a permis aux agriculteurs de pulvériser leurs champs sans cibler uniquement les « mauvaises herbes ». Cela a entraîné une augmentation de la consommation de Roundup, en particulier dans les pays autorisant ces OGM. Cependant, cela a également conduit à la résistance des mauvaises herbes.

2000 : expiration des brevets de Monsanto sur le glyphosate

Le brevet américain de Monsanto a expiré en 2000. Depuis lors, Monsanto, qui a conservé la marque Roundup, a perdu ses droits dans la plupart des régions du monde. Ainsi cela a encore augmenté l’utilisation de la molécule, qui est désormais présente dans de nombreux produits.

2006 : l’Équateur exige la fin des épandages colombiens de glyphosate

Au début des années 2000, des études de plus en plus nombreuses ont montré les effets de cet herbicide sur la biodiversité et la santé humaine. C’est dans ce contexte que l’Équateur a rompu ses relations diplomatiques avec la Colombie, qui refusait d’arrêter son programme de destruction par épandage aérien des champs de coca cultivé illégalement. L’Équateur estimait que ces épandages massifs menaçaient les cours d’eau de ses régions frontalières. En 2015, les autorités ont classé le glyphosate comme « cancérogène probable », ce qui a conduit l’Équateur à suspendre ses pulvérisations aériennes.

2011 : l’ANSES classe le glyphosate comme perturbateur endocrinien possible

En 2011, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s’est penchée sur les effets potentiellement toxiques du glyphosate. Elle a notamment menée une étude sur le système hormonal et reproducteur des mammifères. Une étude sur des cellules testiculaires de rats a conclu que le glyphosate était un perturbateur endocrinien « possible ». L’Anses a également distingué le glyphosate de sa déclinaison chez Monsanto, le Roundup, soulignant que le Roundup attaquait la membrane cellulaire, tandis que le glyphosate seul ne le faisait pas.

2012 : des rats exposés au Roundup développent des tumeurs énormes

En 2012, en France, le Professeur Gilles-Éric Séralini et son équipe du Criigem ont mené une étude. Cette étude a généré une importante réaction à l’échelle mondiale. Les résultats de l’étude ont révélé que des rats exposés à de faibles doses de Roundup dans leur eau de boisson ont développé des tumeurs cancéreuses. Cette découverte a eu un impact significatif sur la perception du public.

2015 : le glyphosate classé cancérogène probable

Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), une agence de l’OMS, l’a classé comme « cancérogène probable pour l’homme » en se basant sur l’analyse de 17 scientifiques examinant diverses études. Il a été noté un risque accru de cancer du sang chez les agriculteurs et les jardiniers exposés au glyphosate, ainsi que des preuves convaincantes de cancérogénicité chez les animaux de laboratoire. Suite à ce classement, une étude allemande en mars 2016 a également révélé que 99 % des personnes testées avaient des traces détectables de glyphosate dans leurs urines, dont plus de 75 % à des concentrations élevées. Cela a soulevé des préoccupations quant à la présence de glyphosate dans notre environnement et notre alimentation.

2016 : une autorisation de mise sur le marché contestée

En mars 2016, pour la première fois depuis l’autorisation du glyphosate en Europe, les États membres ont forcé la Commission européenne à reporter le renouvellement de l’AMM pour quinze ans. Plusieurs pays, dont la France, la Suède, l’Italie et les Pays-Bas, se sont opposés au renouvellement de l’autorisation. Face à ce refus, la Commission a proposé une AMM de seulement 9 ans. Toutefois, cette proposition a également été rejetée. Une nouvelle réunion a été organisée début juin pour discuter d’une autorisation de moins de deux ans.

Consultez aussi : QU’EST-CE QUE LE GLYPHOSATE ?

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