Lorsqu’une ruche se retrouve dans une situation particulièrement précaire, elle peut devenir « bourdonneuse ». C’est un terme utilisé pour décrire une colonie d’abeilles dans laquelle certaines ouvrières commencent à pondre des œufs. Dans cet article, nous explorerons les raisons pour lesquelles une ruche devient bourdonneuse, comment identifier ce problème, et surtout, que faire pour remédier à cette situation délicate.
Qu’est-ce qu’une ruche bourdonneuse ?
Une ruche bourdonneuse est une colonie d’abeilles qui présente un comportement inhabituel où les abeilles ouvrières commencent à pondre des œufs, donnant naissance à des faux-bourdons. Ce phénomène est un défi courant rencontré par les apiculteurs et peut avoir plusieurs causes.
Dans une ruche saine et normale, la reine est responsable de la ponte des œufs. Les abeilles ouvrières, elles se consacrent à des tâches telles que la collecte de nectar, la fabrication de miel, la protection de la ruche, et la prise en charge des larves. Cependant, lorsque la reine est absente, incapable de pondre suffisamment d’œufs ou décède, les abeilles ouvrières peuvent commencer à pondre des œufs elles-mêmes.
Les faux-bourdons
Les œufs pondus par les abeilles ouvrières ne sont pas fécondés. Ainsi cela signifie qu’ils se développeront en faux-bourdons, les mâles de l’espèce. Les faux-bourdons sont plus gros que les abeilles ouvrières. Ils n’ont pas de fonction dans la collecte de nectar ou la fabrication du miel. Leur seule mission est de se reproduire avec une reine fécondée.
Pourquoi une ruche devient bourdonneuse ?
La phénomène de la ruche bourdonneuse est un défi bien connu pour les apiculteurs. Plusieurs facteurs peuvent déclencher ce phénomène. Il est essentiel de comprendre ces causes pour mieux prévenir et gérer une ruche bourdonneuse.
Absence de reine fécondée
La principale cause de l’apparition d’une ruche bourdonneuse est la disparition de la reine fécondée. Lorsque la reine meurt, disparaît ou cesse de pondre des œufs, la colonie perd son principal moteur de reproduction. Pourtant, les abeilles ont un instinct naturel de survie et chercheront à produire une nouvelle reine pour assurer la pérennité de la ruche.
Manque de jeunes larves
La capacité d’une ruche à élever une nouvelle reine dépend de la disponibilité de jeunes larves. Pour créer une reine fécondée, les abeilles ont besoin d’œufs ou de très jeunes larves (âgées de moins de 4 à 5 jours). Si la ruche n’a pas d’œufs ou de larves de cette tranche d’âge, la création d’une nouvelle reine devient pratiquement impossible.
Déclin du couvain ouvrier
La disparition ou le déclin du couvain d’abeilles ouvrières peut également contribuer à la bourdonnisation d’une ruche. Les abeilles ouvrières, en vieillissant, ont besoin de jeunes abeilles pour prendre leur relève. Si le couvain d’ouvrières diminue ou disparaît pour quelque raison que ce soit, les abeilles peuvent se sentir obligées de pondre des œufs pour pallier ce manque.
Perturbation de l’équilibre des phéromones
Les phéromones jouent un rôle crucial dans la régulation du comportement des abeilles au sein de la ruche. Lorsque le couvain d’abeilles ouvrières diminue ou que la reine disparaît, les niveaux de phéromones associés au couvain d’ouvrières et à la reine fécondée diminuent également. Cette perturbation des phéromones peut influencer les abeilles pour qu’elles deviennent pondeuses.
Stress environnemental
Des facteurs environnementaux stressants, tels que la mauvaise météo, le manque de ressources alimentaires, ou les parasites, peuvent également perturber l’équilibre de la ruche et contribuer à la bourdonnisation. Lorsque la colonie fait face à des conditions défavorables, les abeilles peuvent réagir en pondant des œufs, espérant ainsi sauver la colonie.
L’importance critique du timing
Un essaim d’abeilles en pleine santé dépend d’une production continue de nouvelles abeilles ouvrières pour assurer son fonctionnement optimal. Les abeilles plus âgées meurent chaque jour, et pour garantir la pérennité de la colonie, de nouvelles recrues doivent être disponibles pour prendre leur place. C’est pourquoi, lorsque la reine d’une ruche disparaît, le facteur temps devient critique.
L’essaim d’abeilles a la capacité de créer une nouvelle reine fécondée, mais cela nécessite impérativement la présence de jeunes larves, âgées de moins de 4 à 5 jours, issues d’œufs de reine fécondés. Au-delà de cette période cruciale, la création d’une nouvelle reine devient une entreprise incertaine.
Les causes de l’apparition des abeilles pondeuses
Les phéromones jouent un rôle essentiel dans la communication entre les abeilles. Ils agissent comme des messagers chimiques, transmettant des informations cruciales au sein de la colonie. Lorsque le couvain d’abeilles cesse de se développer dans la ruche, les niveaux de phéromones liées au couvain et à la reine fécondée diminuent, déclenchant ainsi une série de changements comportementaux chez les abeilles.
Dans les trois semaines suivant la disparition du couvain d’abeilles, certaines ouvrières commencent à pondre des œufs. Ces abeilles possèdent des ovaires capables de produire des œufs, mais comme les ouvrières ne peuvent pas s’accoupler, les œufs qu’elles pondent ne sont pas fécondés et donnent naissance à des faux-bourdons.
Reconnaître une colonie bourdonneuse
Identifier une ruche bourdonneuse est relativement simple. Le signe le plus évident est l’absence de reine et de couvain d’abeilles ouvrières. Cette situation entraîne progressivement une réduction de la taille de la colonie, ainsi qu’une augmentation significative du nombre de faux-bourdons.
Le couvain des ruches bourdonneuses présente un aspect désorganisé, avec des cellules de faux-bourdons dispersées au lieu du modèle organisé de couvain d’une colonie en bonne santé.
Stratégies pour sauver une ruche bourdonneuse
Pour traiter une ruche d’ouvrières pondeuses, les apiculteurs ont recours à plusieurs stratégies, mais il est crucial d’intervenir rapidement pour maximiser les chances de succès.
Combinaison avec une colonie forte
L’une des méthodes les plus efficaces consiste à fusionner la ruche bourdonneuse avec une colonie forte dotée d’une reine fécondée. Les abeilles de la colonie forte rétabliront l’ordre en triant les ouvrières pondeuses.
Donner du couvain ouvert
Si d’autres ruches disposent de couvain ouvert, il est possible d’en partager avec la colonie bourdonneuse. Le couvain ouvert supprime généralement l’activité des ouvrières pondeuses. En donnant à la ruche bourdonneuse un cadre de couvain d’ouvrières (larves) chaque semaine pendant trois semaines, les phéromones du couvain contribuent à rétablir un équilibre.
Secouer la ruche bourdonneuse
Une méthode plus radicale consiste à secouer toutes les abeilles de la ruche bourdonneuse à une certaine distance de celle-ci, généralement autour de 30 mètres. Cependant, cette approche est aléatoire et ne garantit pas toujours la réussite.
Quelle que soit la méthode, il est essentiel de ne pas affaiblir les colonies en bonne santé pour tenter sauver une ruche en difficulté. Parfois, il est préférable de laisser la ruche bourdonneuse partir pour préserver les autres colonies en bonne santé.