Le glyphosate, un nom qui a fait son chemin . C’est l’un des herbicides les plus utilisés au monde, en raison de sa simplicité d’utilisation et de son efficacité. Ce produit chimique a marqué l’agriculture moderne de son empreinte. Il est le protagoniste d’une histoire complexe, mêlant avantages agricoles, controverses sanitaires, et enjeux environnementaux.
Mode d’action : Le glyphosate est un herbicide systémique non sélectif. Cela signifie qu’il agit sur toutes les plantes sans distinction. Son mécanisme d’action est remarquable. Il inhibe une enzyme appelée EPSP synthase, qui est essentielle à la production d’acides aminés dans les plantes. Les acides aminés sont les éléments constitutifs des protéines, nécessaires à la croissance et au développement des plantes. En bloquant cette enzyme, il empêche la synthèse des acides aminés, ce qui entraîne la mort de la plante.
Le glyphosate est un herbicide chimique largement utilisé à l’échelle mondiale.
Il a été introduit pour la première fois sur le marché en Europe en 1974 par Monsanto. Il était commercialisé sous la marque Roundup. Cependant, son brevet est tombé dans le domaine public en 2000, ouvrant la voie à d’autres entreprises afin de le commercialiser. Aujourd’hui, il est un ingrédient actif dans environ 750 produits vendus par plus de 90 fabricants. La production mondiale a atteint 720 000 tonnes en 2012. Cette forte augmentation est principalement due à l’utilisation croissante des cultures génétiquement modifiées « RoundUp Ready. »
Utilisations et liens avec les OGM
En 1996, Monsanto a lancé les « Roundup Ready, » des plantes génétiquement modifiées afin de tolérer le glyphosate.
Cela signifie que lorsqu’on pulvérise du Roundup, toutes les plantes meurent, hormis celles qui ont été génétiquement modifiées. Actuellement, près de trois quarts des cultures OGM dans le monde sont modifiées afin de tolérer le glyphosate. Cependant, cette utilisation intensive a conduit à l’apparition d’adventices résistantes au pesticide. Ainsi cela a obligé les agriculteurs à augmenter les doses et à multiplier les traitements.
En France, où les cultures OGM sont interdites, les agriculteurs utilisent fréquemment le glyphosate. Ils l’utilisent pour désherber leurs champs, vignobles, céréales, colza, maïs et tournesol, notamment avant la moisson afin d’accélérer le séchage des récoltes, bien que cela puisse augmenter les résidus dans les produits agricoles.
Dans l’environnement et l’organisme humain
Le glyphosate a une demi-vie estimée allant jusqu’à 189 jours dans les sols. Son principal métabolite, l’AMPA, est considéré comme plus dangereux pour l’environnement et plus persistant dans les sols que la molécule mère. Des résidus de glyphosate sont couramment retrouvés dans l’environnement, ainsi que dans les urines humaines, faisant du glyphosate et de l’AMPA les substances les plus fréquemment détectées dans les cours d’eau en France métropolitaine.
Autorisation de mise sur le marché du glyphosate : une histoire houleuse
L’autorisation de mise sur le marché européen (AMM) du glyphosate a été l’objet de débats et de controverses. En effet, en raison des préoccupations concernant ses effets sur l’environnement et la santé humaine. En mars 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le glyphosate comme « cancérogène probable ». Toutefois l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a jugé en novembre 2015 que cette classification était « improbable. »
Il est important de noter que la transparence des comités d’experts chargés des études sur le glyphosate était plus élevée au CIRC qu’à l’EFSA. La Commission européenne a finalement décidé de prolonger l’autorisation du glyphosate pour 18 mois en juin 2016, après avoir repoussé la décision à plusieurs reprises en raison de l’importante pression des lobbys industriels.
Résistances des adventices au glyphosate et cas de l’amarante
L’utilisation généralisée de ce pesticide, notamment dans les cultures OGM, a conduit à l’apparition de résistances chez certaines adventices, comme l’amarante. Cette plante, présente sur tous les continents, a développé une résistance au glyphosate depuis 2004, notamment aux États-Unis. Les résistances au glyphosate ont été observées dans plusieurs pays. Ainsi cela soulève des inquiétudes quant à l’efficacité continue sur le long terme de ce désherbant.
Conclusion :
Le glyphosate, un herbicide largement utilisé et connu sous la marque Roundup, est une substance qui ne laisse personne indifférent. Au cours des décennies, il a profondément transformé l’agriculture en offrant une solution efficace pour le désherbage. Cependant, son utilisation intensive a soulevé des préoccupations légitimes concernant ses effets sur l’environnement, la biodiversité et la santé humaine.