Les abeilles, ces précieux pollinisateurs, font face à de nombreux défis, dont l’un des plus alarmants est la mortalité des colonies. Lorsque vous êtes témoin d’une dépopulation importante ou d’un tapis d’abeilles mortes devant une ruche, cela peut être le signe d’une intoxication de la colonie. En cas de mortalités de colonies d’abeilles, il est essentiel d’agir rapidement et de suivre des protocoles spécifiques afin d’éviter que le problème ne soit ignoré ou empire.
1. Noter et documenter précisément
La première étape est de noter avec précision toutes les observations et informations relatives à votre rucher.
Cela inclut :
- Le nombre total de colonies dans le rucher.
- L’état des colonies et des abeilles.
- Le nombre de colonies affectées par la mortalité.
- Le nombre de colonies mortes.
- L’itinéraire technique du rucher.
- Une description détaillée du rucher et de son environnement.
Il est également recommandé de prendre des photos pour documenter visuellement la situation.
2. Alertez les autorités compétentes en cas de mortalités de colonies d’abeilles
La prochaine étape est ensuite d’alerter rapidement les autorités. La démarche à suivre dépend de votre emplacement géographique en France :
- En Bretagne, en Pays-de-la-Loire ou en Auvergne-Rhône-Alpes : Contactez l’Observatoire des Mortalités et Affaiblissements d’Abeilles (OMAA). Vous trouverez les informations spécifiques pour chaque région sur leur site web.
- Partout ailleurs en France : Vous devez contacter les services vétérinaires du département où se trouvent vos ruches. Ces services relèvent de la Direction départementale de la protection des populations (DD(CS)PP). Les autorités compétentes ont le pouvoir de déclencher une visite de votre rucher et, si nécessaire, d’effectuer des prélèvements et d’enquêter sur les pratiques agricoles environnantes, notamment l’utilisation de pesticides.
3. Réalisez des prélèvements pour la recherche de pesticides
Pour que les prélèvements aient une valeur juridique, l’autorité administrative ou judiciaire doit les réaliser ou les commander après avoir constaté la situation.
Cela vise aussi à éviter que les apiculteurs investissent dans des analyses coûteuses et potentiellement contestables.
L’intervention des services de l’État (DD(CS)PP et SRAL) est réglementée par une instruction technique datant du 12 juin 2018.
Il est recommandé de la lire attentivement afin de comprendre les étapes qui suivent la déclaration de mortalités.
Conditions pour une intervention de l’État
L’État n’interviendra que si les conditions suivantes sont remplies, définissant une Mortalité Massive Aiguë des Abeilles (MMAA) :
- Présence d’un tapis d’abeilles mortes devant la ruche (volume supérieur à un litre).
- Dépopulation significative de la colonie.
- Au moins 20% des colonies du rucher touchées, ou au moins 1 colonie en cas de petit rucher (1 à 5 colonies), ou au moins 2 colonies en cas de rucher de taille moyenne (6 à 10 colonies).
- Apparition soudaine des symptômes en quelques jours à deux semaines maximum.
En dehors de ces conditions, l’État ne mènera pas d’enquête.
Cependant, il encourage les apiculteurs à signaler d’autres problèmes, tels que les mortalités hivernales non aiguës, les mortalités nymphales ou larvaires, les affaiblissements, etc., aux DD(CS)PP pour un suivi statistique.
Il est également crucial d’informer votre syndicat adhérent et le GDSA (Groupement de Défense Sanitaire Apicole), qui peuvent recueillir des informations sur des situations similaires dans votre région et les transmettre à l’UNAF (Union Nationale de l’Apiculture Française) pour une action collective plus efficace en faveur des abeilles.
En conclusion, la réaction rapide et la collaboration avec les autorités sont essentielles pour faire face à la mortalité de colonies d’abeilles et pour protéger ces insectes cruciaux pour notre écosystème et notre agriculture.