Abeilles, papillons, syrphes… le déclin alarmant des insectes
Depuis une dizaine d’années, les études scientifiques se multiplient, qui constatent l’impressionnant déclin des insectes, en particulier des pollinisateurs.
Publiée en février 2019 dans la revue Biological Conservation, la première analyse globale sur les populations d’insectes conclut ainsi qu’au rythme où ils déclinent, les insectes pourraient disparaître de la planète d’ici un siècle, entraînant un « effondrement catastrophique de tous les écosystèmes naturels ».
Les chiffres alarmants du déclin des insectes
En synthétisant l’ensemble des données, les chercheurs ont calculé que la biomasse des insectes diminuait de 2,5 % chaque année depuis trente ans. Les taux d’extinction sont vertigineux : huit fois plus rapide que celui des mammifères, des oiseaux et des reptiles… Les chercheurs estiment que 40 % des espèces d’insectes pourraient disparaître dans les prochaines décennies.
Les causes du déclin
Selon les recherches prises en compte dans l’étude de 2019, les principaux facteurs de déclin sont la perte d’habitat liée à l’agriculture conventionnelle et à l’urbanisation galopante, ainsi que la pollution causée par les pesticides et les engrais de synthèse.
Les conséquences pour la biodiversité
Or, les insectes occupent des fonctions essentielles dans la nature : recyclage des nutriments, pollinisation, maillons de la chaîne alimentaire… Leur disparition – ou même simplement leur diminution – aurait un impact considérable sur l’ensemble de la biodiversité.
L’appel à l’action des scientifiques
Devant ce constat, la conclusion de ces chercheurs est lapidaire : « À moins que nous ne changions notre façon de produire des aliments, les insectes dans leur ensemble seront en voie d’extinction dans quelques décennies. Les répercussions que cela va avoir pour les écosystèmes de la planète sont catastrophiques pour dire le moins (…). La restauration de l’habitat, associée à une réduction drastique des intrants de l’agrochimie et à une nouvelle conception de l’agriculture, est probablement le moyen le plus efficace d’éviter de nouvelles pertes ».
Alerte des scientifiques à l’humanité
Un an plus tard, début 2020, Pedro Cardoso, biologiste à l’université d’Helsinki en Finlande, et ses confrères dressent à leur tour un tableau si sombre qu’ils choisissent d’intituler leur article « Alerte des scientifiques à l’humanité sur l’extinction des insectes ».
La méconnaissance des espèces d’insectes
Ces experts estiment que 5 à 10 % des espèces d’insectes ont déjà disparu depuis le début de l’ère industrielle. Il ne s’agirait là cependant que de la partie émergée de l’iceberg. Il existe en effet un manque crucial de connaissances dans ce domaine : les estimations actuelles suggèrent que les insectes pourraient compter 5,5 millions d’espèces, dont seulement un cinquième sont connues et décrites.
Un demi-million d’espèces en danger d’extinction
« Au total, dans les prochaines décennies, un demi-million d’espèces d’insectes sont menacées d’extinction », estiment les chercheurs. Une catastrophe dont l’onde de choc touchera toute la biodiversité.
La menace dans les zones protégées
La situation est d’autant plus dramatique que les insectes déclinent également dans les zones censées être protégées. Une recherche à long terme en Allemagne a relevé des taux de déclin spectaculaires au sein d’espaces naturels.
Pesticides et Armageddon écologique
D’après les chercheurs, c’est encore une fois l’intensification des pratiques agricoles, avec un recours accru aux pesticides, qui explique probablement ce déclin, les aires protégées étant à 94 % entourées de champs.
Pour sauver les insectes et préserver la biodiversité, les chercheurs appellent à une prise de conscience collective et à des actions coordonnées, notamment la transformation des pratiques agricoles, la préservation des forêts primaires, la réduction du réchauffement climatique, et la réglementation plus stricte des pesticides.