La Loque européenne est une maladie qui affecte le couvain des abeilles. Elle est contagieuse et est causée par une bactérie nommée Melissococcus plutonius. Cette maladie touche principalement le couvain ouvert des abeilles, ce qui peut entraîner des taux de mortalité larvaire plus ou moins importants, mettant ainsi en péril la santé de la colonie.
Caractéristiques de la loque européenne
L’une des caractéristiques de la Loque européenne réside dans la présence d’autres bactéries chez les larves affectées, qui agissent comme des surcontaminants, affectant les signes cliniques observés, notamment l’aspect et l’odeur des larves malades et mortes.
Répartition de la maladie
Où se trouve cette maladie ?
La Loque européenne est présente dans le monde entier, à l’exception de la Nouvelle-Zélande.
Réglementation en France
En ce qui concerne la réglementation, il est important de noter qu’en France, il n’existe pas de statut réglementaire spécifique pour la Loque européenne. Cela signifie que la surveillance et la gestion de cette maladie reposent principalement sur les apiculteurs et les pratiques de gestion des ruches.
Méthodes de transmission de la loque européenne
Comment se transmet-elle ? Contrairement à l’agent pathogène de la Loque américaine, la bactérie responsable de la Loque européenne ne peut pas former de spores, une forme de résistance. Cependant, elle est capable de survivre dans les colonies grâce à une capsule qui lui permet de persister pendant environ trois semaines dans des matières en décomposition, voire plusieurs mois en cas de dessiccation.
La transmission de la maladie se fait lorsque les larves se nourrissent avec de la nourriture contaminée apportée par les nourrices. La bactérie se multiplie rapidement dans le tube digestif de la larve, entraînant sa mort. Les ouvrières peuvent également se contaminer en évacuant les débris provenant des larves mortes en décomposition. Même si une larve survit et se transforme en adulte, elle laisse derrière elle, à l’émergence, des fèces contenant des bactéries, contribuant ainsi à la propagation de la maladie au sein de la colonie.
La Loque européenne est une préoccupation majeure pour les apiculteurs, car elle peut affaiblir les colonies d’abeilles et avoir un impact sur la production de miel. La surveillance régulière des ruches et des bonnes pratiques de gestion sont essentielles pour minimiser le risque de propagation de cette maladie au sein des colonies d’abeilles.
Conditions favorisant l’apparition de la Loque européenne
Plusieurs conditions favorisent l’apparition de la Loque européenne, une maladie qui affecte le couvain des abeilles. Ces facteurs fragilisent les larves et créent un environnement propice au développement de cette maladie. Les conditions incluent :
1. Déséquilibre couvain/abeilles
- Les saisons, notamment le printemps, caractérisé par des températures encore fraîches, un couvain relativement développé et un nombre restreint d’abeilles pour prendre soin de lui, favorisent la Loque européenne.
2. Infestation par Varroa destructor
- Une forte infestation par le parasite Varroa destructor peut entraîner une baisse de la qualité de la gelée nourricière, créant ainsi un environnement favorable à la maladie.
3. Ressources en pollen insuffisantes
- Un manque de ressources en pollen, tant en qualité qu’en quantité, peut contribuer à la survenue de la Loque européenne.
4. Mauvaises pratiques apicoles
- Les pratiques apicoles inadéquates, telles que le non-renouvellement des cadres, l’absence de visites sanitaires et de désinfection du matériel, ou la création d’essaims avec un nombre insuffisant d’abeilles adultes, peuvent également favoriser cette maladie.
Comment reconnaître la Loque européenne ?
La Loque européenne peut être reconnue à l’échelle de l’alvéole et de la colonie. Voici les signes à surveiller :
Reconnaissance à l’échelle de l’alvéole
Dans le couvain ouvert, vous pouvez observer :
- larves présentant des positions aberrantes (redressées).
- larves flasques, affaissées, de couleur jaune clair à brun, qui évoluent en une masse semi-liquide.
- écailles de couleur brun foncé qui ne sont pas adhérentes aux parois des cellules.
NB : Parfois, il peut y avoir l’operculation de larves malades. Dans ce cas, vous pourrez observer des opercules affaissés, mais les cadavres des immatures ne sont jamais adhérents.
Reconnaissance à l’échelle de la colonie
À l’échelle de la colonie, vous pouvez observer :
- Un couvain en mosaïque.
- Une odeur décrite comme aigre ou de moisi, parfois acide comme le vinaigre (ce signe n’est pas systématique).
- En phase avancée, une colonie affaiblie et moins dynamique, car la population n’est pas suffisamment renouvelée.
La reconnaissance précoce de ces signes est cruciale pour prendre des mesures rapidement et limiter la propagation de la Loque européenne au sein de la colonie.
Comment confirmer une suspicion ?
Pour confirmer une suspicion de Loque européenne, il existe deux méthodes, mais elles sont aux frais de l’apiculteur :
- Envoi d’un prélèvement au laboratoire :
Vous pouvez prélever un échantillon de couvain de 10 cm sur 10 contenant au moins 15 larves suspectes et l’envoyer au laboratoire. Le laboratoire réalisera une bactérioscopie et/ou une PCR afin de détecter la présence de la bactérie responsable. - Utilisation d’un kit de détection rapide :
Une autre option consiste à utiliser un kit de détection rapide. Ce kit nécessite le prélèvement de 5 larves suspectes, et il fournit un résultat immédiat. Un exemple de tel kit est le kit EFB Vita-Swarm.
Avec quoi peut-on confondre la Loque européenne ?
La Loque européenne peut parfois être confondue avec d’autres affections apicoles. Voici quelques maladies et conditions auxquelles elle peut être associée ou confondue :
1. La Loque américaine
- La Loque américaine se caractérise par des symptômes observés principalement au niveau du couvain fermé. On peut noter la présence d’opercules affaissés ou percés, ainsi que des cadavres de larves toujours adhérents aux parois de la cellule. Un test de viscosité positif, par exemple avec une allumette, peut aider à distinguer la Loque américaine de la Loque européenne.
2. Le Couvain sacciforme
- Le couvain sacciforme est généralement observé au niveau du couvain fermé (avec des opercules affaissés) ou parfois suite à une désoperculation par les abeilles. On peut y observer des nymphes redressées formant un sac rempli de liquide dans leur partie inférieure et des écailles non adhérentes en forme de barque.
3. La Varroose
- En cas de forte infestation de Varroa, des signes de souffrance du couvain peuvent se manifester. Cela peut se traduire par un couvain en mosaïque, des alvéoles désoperculées, du cannibalisme, et une mortalité accrue au niveau des nymphes. Il est important de noter que ces différentes maladies peuvent coexister dans la même colonie, ce qui rend le diagnostic plus complexe.
Il est essentiel de bien différencier ces affections pour prendre des mesures appropriées de gestion et de traitement, en fonction de la maladie ou des problèmes observés au sein de la colonie.
Méthodes de Lutte contre la Loque européenne
La lutte contre la Loque européenne, une maladie qui affecte le couvain des abeilles, dépend de la gravité de l’infection et de la santé générale de la colonie. Voici les méthodes de lutte possibles :
- Transvasement sur cire gaufrée et nourrissage :
Si l’atteinte du couvain est importante, mais que la colonie reste forte et que le diagnostic est établi avant la fin de la saison apicole, une option consiste à transvaser la colonie sur des cadres avec de la cire gaufrée. De plus, nourrir la colonie peut aider à renforcer ses réserves. - Élimination sélective des cadres de couvain :
Si seulement quelques larves sont atteintes, il est possible de ne détruire que les cadres de couvain touchés tout en laissant à la colonie ses réserves de miel. - Nourrissement massif et remplacement de la reine :
En cas d’atteinte modérée, vous pouvez pratiquer un nourrissement massif afin de bloquer la ponte de la reine. Cela oblige la colonie à nettoyer et éliminer les larves atteintes. Vous pouvez également envisager de remplacer la reine par une reine issue d’une souche plus hygiénique. - Destruction de la colonie :
Si le couvain est fortement atteint, que la colonie est faible ou que l’hivernage est proche, il peut être nécessaire de détruire la colonie pour éviter la propagation de la maladie.
Dans tous les cas, il est essentiel d’effectuer des visites sanitaires régulières et soignées de l’ensemble des colonies du rucher afin de vérifier leur état sanitaire.
Prophylaxie de la Loque européenne
La prévention de la Loque européenne repose sur l’application de bonnes pratiques apicoles, notamment :
- Visites sanitaires fréquentes et attentives :
Il est recommandé de pratiquer au moins deux visites sanitaires par an, au printemps et à l’automne, afin de détecter les signes précoces de la maladie. - Renouvellement des cadres :
Il est important de renouveler les cadres des ruches régulièrement (au minimum 3 par an) afin d’éviter l’accumulation de cire contaminée. - Maintien de colonies fortes :
Les colonies doivent être fortes, hébergeant des reines jeunes et prolifiques. - Désinfection du matériel :
Il est recommandé de désinfecter le matériel apicole, par exemple en utilisant un chalumeau ou de l’eau de Javel. - Limitation des phénomènes de dérive et de pillage :
Afin de prévenir la propagation de la maladie, il est essentiel de limiter les phénomènes de dérive (abeilles d’une colonie qui entrent dans une autre) et de pillage (vol de nourriture et de larves entre colonies).
Plus spécifiquement, veillez à maintenir une bonne couverture du couvain par les abeilles adultes lors des divisions ou de la création d’essaims. Sélectionnez les colonies en fonction de leur comportement hygiénique et évitez de multiplier des colonies qui ont déjà souffert de la Loque européenne. Évitez également toute cause de carences en protéines, en tenant compte de l’environnement des ruches et de l’infestation par Varroa destructor. La prévention joue un rôle essentiel dans la lutte contre la Loque européenne.
Conclusion
En conclusion, la Loque européenne est une maladie bactérienne qui affecte principalement le couvain ouvert des abeilles. Bien qu’elle soit souvent sous-diagnostiquée et généralement bénigne, elle peut poser des problèmes dans certaines régions où elle est endémique. Cette maladie est favorisée par divers facteurs, notamment les carences en protéines, les variations saisonnières, et l’infestation par Varroa destructor.
Il est essentiel de noter qu’il n’existe pas de traitement médicamenteux spécifique pour la Loque européenne. Les options de lutte incluent le transvasement de la colonie sur des cadres de cire gaufrée, éventuellement associé à un nourrissement important et/ou au remplacement de la reine par une souche plus hygiénique. Dans les cas graves, lorsque la colonie est trop faible ou en prévision de l’hivernage, la destruction de la colonie peut être nécessaire pour éviter la propagation de la maladie.
En cas de doute ou de suspicion faites appel à un professionnel pour obtenir des conseils et une assistance appropriée. La prévention, la surveillance et la gestion proactive des ruches sont des éléments essentiels afin de maintenir la santé des colonies d’abeilles et minimiser les risques liés à la Loque européenne.