L’univers de l’apiculture est une véritable danse au rythme des saisons, où chaque période de l’année apporte son lot de responsabilités pour les apiculteurs. Du printemps à l’été, puis à l’automne, le rôle de l’apiculteur évolue, se transformant au gré des besoins de ses précieuses protégées, les abeilles. Cependant, toutes ces actions, toute cette préparation, tout cela converge finalement vers une saison particulièrement délicate et exigeante : l’hiver.
L’hiver est un temps redouté par de nombreux apiculteurs, car c’est pendant cette période que surviennent les pertes les plus importantes de colonies d’abeilles. Même les apiculteurs les plus chevronnés ne peuvent garantir que toutes leurs ruches traverseront cette saison périlleuse avec succès. Cependant, cette réalité ne justifie en aucun cas une approche laxiste de l’apiculture. Il est impératif de comprendre les raisons des pertes hivernales, d’apprendre de chaque échec, et d’adopter des pratiques d’élevage et de gestion visant à minimiser ces pertes.
Dans cet article, nous plongerons dans l’hiver des abeilles, explorant ce que font ces précieuses pollinisatrices pendant cette saison, les défis qu’elles rencontrent, et surtout, ce que les apiculteurs entreprennent pour les aider à survivre à cette période critique de l’année. Rejoignez-nous dans ce voyage au cœur de la ruche pendant les mois froids de l’hiver, où la survie des abeilles devient une priorité absolue pour les apiculteurs dévoués.
La préparation essentielle pour l’hiver
L’univers de l’apiculture est régi par les saisons, et chaque saison apporte son lot de responsabilités pour les apiculteurs. Au printemps, c’est le moment de surveiller attentivement les essaims d’abeilles et de s’assurer qu’ils se développent sainement. En été, l’accent est mis sur l’alimentation des colonies, tandis qu’en automne, le contrôle des parasites comme les varroas est au premier plan. Bien sûr, ces descriptions sont une simplification de la réalité complexe de l’apiculture, mais elles illustrent à quel point cette activité exige un engagement constant tout au long de l’année pour maintenir la santé des abeilles.
Cependant, tout ce que les apiculteurs font pour leurs abeilles sert essentiellement de préparation à une saison particulièrement exigeante : l’hiver.
Les pertes hivernales : un défi inévitable
L’hiver est la période où l’on enregistre généralement le plus grand nombre de pertes de ruches d’abeilles. Même les apiculteurs les plus expérimentés ne peuvent pas garantir que toutes leurs ruches passeront l’hiver avec succès. C’est un aspect inévitable de l’apiculture, une réalité à laquelle chaque apiculteur doit faire face.
Cela dit, cette réalité ne justifie en aucun cas une approche négligente de l’apiculture. Aucune colonie d’abeille ne devrait périr en raison d’une mauvaise gestion. Les apiculteurs doivent être conscients que des pertes hivernales peuvent survenir, mais ils doivent également s’efforcer de les minimiser en améliorant constamment la qualité génétique des reines abeilles et en mettant en œuvre les meilleures pratiques d’entretien.
Les causes de pertes hivernales
Les abeilles meurent-elles en hiver ? Malheureusement, oui. Certaines colonies d’abeilles succombent inévitablement pendant cette période. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à ces pertes, notamment :
- Une population d’abeilles insuffisante : Si une colonie est trop petite pour générer suffisamment de chaleur et de maintenir les réserves de nourriture, elle risque de ne pas survivre.
- Des réserves de nourriture inadéquates : Le miel stocké dans la ruche est la principale source de nourriture pendant l’hiver. Si les abeilles n’ont pas suffisamment de miel à disposition, elles mourront de faim.
- Présence de maladies, virus ou parasites : Une colonie affaiblie par des maladies, des virus ou une infestation d’acariens varroas a moins de chances de passer l’hiver en bonne santé.
Les apiculteurs passent toute l’année à préparer leurs ruches à affronter l’hiver. C’est déchirant d’ouvrir une ruche en février et de découvrir un petit groupe d’abeilles mortes à l’intérieur.
Que vous possédiez une ou deux ruches ou des centaines, chaque perte d’essaims d’abeilles hivernales est une opportunité d’apprentissage.
L’analyse post-mortem
Face à la perte d’une colonie d’essaims d’abeilles pendant l’hiver, il est impératif de chercher à comprendre les raisons de son échec. Cela implique de revisiter vos pratiques d’élevage, d’inspecter les cadres de la colonie défunte et de vous poser des questions cruciales :
- La colonie avait-elle une génétique défavorable ? Les abeilles buckfast, avec leur résistance naturelle aux maladies, sont souvent un choix judicieux.
- La colonie montrait-elle des signes de maladies avant l’hiver ? Une observation attentive des signes précurseurs de maladies peut permettre de prévenir les pertes.
- Quels étaient les résultats du dernier dépistage de l’acarien varroa ? Le contrôle régulier et le traitement si nécessaire de cette menace peuvent être vitaux.
- La nourriture était-elle en quantité suffisante ? Le miel est la principale source d’alimentation en hiver, et il doit être en quantité adéquate.
- Y avait-il un excès d’humidité ? Une humidité excessive peut être préjudiciable à la colonie en hiver.
- La ventilation était-elle adéquate ? Une bonne circulation de l’air est essentielle pour éviter la condensation excessive à l’intérieur de la ruche.
Comportement des abeilles en hiver
La chaleur de la grappe
Pendant la saison hivernale, les abeilles se regroupent à l’intérieur de la ruche pour maintenir une température suffisamment élevée. Les abeilles ouvrières génèrent de la chaleur en faisant vibrer leur corps. La reine fécondée est positionnée au cœur de cette grappe, où la température atteint environ 37°C.
La grappe se compose de deux zones distinctes : une couche extérieure dense d’abeilles et un noyau intérieur plus lâche. À l’extérieur, les abeilles se serrent les unes contre les autres pour conserver la chaleur, tandis qu’à l’intérieur, elles peuvent se déplacer plus librement. La taille de la grappe évolue en fonction des variations de température extérieure.
Pas d’hibernation pour les abeilles
Contrairement à certains mammifères qui hibernent, les abeilles demeurent actives en hiver pour maintenir la chaleur dans la ruche. Elles puisent dans leurs réserves de miel pour alimenter cette activité constante, d’où l’importance cruciale de disposer de suffisamment de miel stocké.
C’est pourquoi l’entrée de la ruche est moins animée en hiver. Les abeilles ne quittent pas la ruche pour butiner car elles sont entièrement dévouées à la tâche de maintenir la ruche à une température adéquate. De plus, en hiver, la nature offre peu de sources de nourriture.
L’alimentation en hiver
Pour alimenter leur activité de génération de chaleur, les abeilles consomment le miel qu’elles ont récolté au printemps
et à l’automne. Bien que le pollen reste un élément crucial de leur alimentation, le miel est la principale source d’énergie pendant l’hiver.
Les abeilles sont prudentes pour ne pas gaspiller leurs précieuses réserves de nourriture. En prévision de l’hiver, les abeilles ouvrières éliminent les mâles inutiles de la ruche. Les faux bourdons n’ont qu’un rôle : s’accoupler avec une reine vierge. Cependant, comme les reines fécondées ne s’accouplent pas en hiver, les faux bourdons deviennent un fardeau inutile pour la ruche, consommant les précieuses ressources de miel et de pollen.
Si vous observez, à la fin de l’automne, un faux bourdon expulsé de la ruche par une ouvrière, ne soyez pas surpris.
Préparation pour l’hiver
La clé de la survie des essaims d’abeilles en hiver réside dans une préparation minutieuse et une gestion appropriée des ruches avant l’arrivée de la saison froide.
- Sélectionnez des abeilles adaptées à votre région. Les reines fécondées buckfast sont souvent un excellent choix pour le climat français.
- Surveillez régulièrement la présence d’acariens varroas et intervenez si nécessaire. Une forte infestation de varroas peut affaiblir inutilement la colonie.
- Assurez-vous que les colonies disposent de suffisamment de miel pour survivre à l’hiver. En cas de pénurie, proposez-leur du sirop de sucre ou du candi en urgence.
- Prévoyez une méthode pour éliminer l’excès d’humidité de la ruche, par exemple en utilisant des cales pour surélever les colonies.
L’énigme de l’enveloppe de la ruche
En France, il est généralement recommandé de ne pas envelopper vos ruches en hiver, car cela peut emprisonner l’humidité. Le dioxyde de carbone émis par les abeilles peut se condenser sur le couvercle de la ruche, puis goutter sur les abeilles, ce qui n’est pas idéal pour leur survie.
Le retour du printemps
Les abeilles adoptent un comportement de regroupement dès que la température descend en dessous de 10 degrés. Dans notre région, l’hiver est officiellement considéré comme terminé en avril. Jusqu’à ce que les premières fleurs commencent à éclore, une gestion attentive reste cruciale pour éviter que les essaims d’abeilles buckfast ne meurent de faim.
Conclusion
La survie des ruches et des essaims d’abeilles en hiver ne repose pas sur une formule magique, mais plutôt sur une combinaison de facteurs. Les apiculteurs peuvent se perdre dans des débats minutieux sur les configurations d’équipement, mais la vérité est que nous avons encore beaucoup à apprendre sur le comportement des abeilles domestiques en hiver. Les recherches sont en cours, mais une chose est sûre : une génétique d’abeille choisie avec soin et une préparation méticuleuse avant l’hiver restent cruciales pour la survie de ces précieuses pollinisatrices pendant la saison froide.